Le week-end avait été paisible et familial. L'étudiante était de passage et j'adore désormais faire la maman, passer dans sa chambre prendre ses fringues en vrac par terre - l'étudiante a grandi mais est toujours aussi bordélique- pour faire une petite machine à laver... Acheter ses yaourts préférés et lui faire "mon" chili qu'elle accueille avec des cris énamourés... Nous étions allé au marché toutes les deux, avions acheté des slips à 1€, avions pris un café au soleil, discuté... Elle va bien, a un petit copain, les partiels ne se sont pas trop mal passé... Balade en vélo le long de la mer, ciné ( "les nouveaux chiens de garde", courez-y!) avec G, mon mari...
Nous vivons lui et moi depuis longtemps dans une sorte de cohabitation tranquille, fraternelle, un compagnonnage de bon aloi. J'aime cet homme qui m'accompagne depuis... 30 ans. Déjà. On avait 20 ans. Nous sommes "M et G" pour tant de monde... Nous sommes liés par tant de choses, tant de temps, tant d'histoires, notre histoire. Ca n'a jamais été simple. Nous avons failli nous séparer plusieurs fois. Et puis non. Nous sommes ensemble.
Mais nos corps sont absents l'un à l'autre. Ce n'est pas nouveau. Notre couple n'a jamais connu une sexualité flamboyante. Le pourquoi, que j'ai analysé chez ma psy il y a quelques années, est un peu long à raconter ici...
L'après-bébé avait coupé court à nos rares élans et depuis, nous nous sommes installés dans une indifférence tour à tour tendre ou belliqueuse. De plus en plus tendre et de moins en moins belliqueuse. Un abandon. On a perdu les batailles, puis la guerre. L'armistice cotonneux des corps. Je reste persuadée que nous ne sommes pas les seuls dans notre genre...
La dernière fois que nous avions fait l'amour, c'était en mai dernier en Corse, sur une plage déserte. C'est dire la fréquence de nos désirs. Si on peut appeler cela du désir. Plutôt une sorte de réassurance qu'on n'est pas complètement morts?
Très vite dans cette histoire, j'ai eu des désirs, des amants, des amours, ailleurs... Je me suis enflammée, j'ai été amoureuse (vraiment), j'ai eu des bleus au coeur, j'ai baisé... Pour mémoire, j'en parle un peu là, . C'est d'ailleurs l'objet principal de ce blog, non ? :-)
Il faut dire que mon métier m'a beaucoup fait voyager pendant de nombreuses années, m'a fait rencontrer beaucoup de gens passionnants et m'a donné beaucoup de liberté, d'autonomie et d'opportunités. Je ne me suis cependant jamais sentie infidèle ou déloyale. J'avais juste deux (ou plusieurs) vies. Un schéma assez masculin en somme.
Dimanche soir. L'étudiante a repris son train. C'est l'heure du dîner. La discussion commence pendant le repas, un peu tendue. Il faut qu'on fasse des travaux dans l'appart qui en a grand besoin... L'époux est architecte et a forcément des avis tranchés... Je m'agace vite. On se perd dans les détails, on en arrive à parler de la place du mitigeur de la salle de bain... On tourne autour du pot. Je finis par lâcher le morceau... On veut en faire quoi de cet appartement ? Comment veut-on vivre ? Depuis quelques années, je parle souvent de m'acheter un pied à terre, "a room of one's own", une chambre à moi, une chambre en ville... La vie familiale m'étouffait et probablement en était-il de même pour lui. Nous en parlions quelquefois, mais plus jamais sur le mode de la séparation, plutôt sur le mode de "on reste mariés, mais on se donne de l'air"... L'urgence de cette demande a été mise en sommeil avec le départ de l'étudiante et le fait que G. a depuis deux ans la direction d'un énorme projet à 200 km d'ici et qu'il y passe beaucoup de temps. Il a même dû louer un studio et je suis désormais seule entre 2 et 4 jours par semaine... Il rentre le week-end et nous reprenons nos habitudes douces, délicieuses parfois, complices souvent, et un peu étouffantes de vieux couple.
Nous aimons être ensemble et séparés aussi. Sa situation professionnelle, que nous n'avions pas anticipé, me le confirme.
Marieh2o, que de similitudes entre ta situation et la mienne. Sauf que la mienne est, je crois encore plus désespérée !!! Moi aussi mariée depuis bientôt 30 ans, c'est quelques mois avant mes cinquante ans que j'ai découvert qu'il pouvait y avoir autre chose dans la vie que d'élever des enfants et travailler, ou plutôt comme tu le dis, que je pouvais vivre deux ( ou plusieurs ) vies. Et que je pouvais plaire encore.Et je ne m'en suis pas privée.
RépondreSupprimerTu dis dans ton post : " Je reste persuadée que nous ne sommes pas les seuls dans notre genre... "; moi aussi, j'ai un " mari - copain ", avec qui je n'ai plus de relations sexuelles depuis fort longtemps; mais je ne suis bien avec lui que lorsque l'on est avec d'autres. Et comme mes enfants sont partis de la maison, c'est très difficile. J'y parviens parce qu'il ne travaille pas dans la même ville, qu'il revient tard le soir, et que j'ai de multiples occupations qui me tiennent éloignée de la maison quand il y est. En fait, je ne suis bien avec lui que lorsque l'on est avec nos enfants ou bien lorsque l'on part en vacances avec des amis. La vie à deux avec lui me pèse, mais je ne ressens pas le besoin de me séparer de lui, car cela m'apporterait plus d’inconvénients que d'avantages. Je supporte la situation parce que nous avons beaucoup d'amis avec qui nous partons souvent en weekends ou en vacances et avec qui nous faisons des activités sportives. Ma vie d'amante m'apporte des petites échappées du quotidien, qui me pèse beaucoup. Parfois je me dis que je serais bien seule, mais j'ai réalisé cet été que je tenais beaucoup à mon mari malgré tout. Alors voilà, pas vraiment d'issue ...
Chère Kay,
RépondreSupprimerJe voulais te répondre par mail, mais impossible de trouver ton adresse! :). Peu importe. J'ai publié aussi l'aveu (2) qui éclaire encore un peu plus ce qui s'est passé ce dernier week-end. Dans mon post de novembre dernier qui s'appelle "Corps zé âme", j'écris quelques lignes sur ce que je ressens sur la vie en couple. Je suis sûre que nous sommes, filles et garçons, élevés dans la religion du "ils furent heureux et vécurent très longtemps" des contes de notre enfance, dans un schéma monolithique et monogame (surtout pour les femmes!) du mariage, inventé de toutes pièces au XIXeme siècle pour les besoins de la bourgeoisie montante et infusé dans nos biberons. Des tas d'historiens de la famille et du couple l'ont décortiqué... On doit vivre avec ce modèle, érigé en vérité universelle et intangible. On doit vivre aussi avec l'idée de l'Amour romantique, une passion dévorante, un désir brûlant ... "Un seul être vous manque..." Musset et Lamartine nous ont fait beaucoup de mal!:) Pas facile de se défaire de tout ça! J'ai moi-même été "victime" d'embrasements adultères ( et je le suis encore un p'tit peu... hum hum) qui ont failli foutre ma vie en l'air... C'est difficile d'être zen...
Peut-être ne faut-il pas que tu désespères, puisque de fait, tu as fait en toute conscience le choix de rester. C'est important que tu aies réalisé que tu tenais beaucoup à ton mari... Bon allez... J'vais rendre l'antenne. "Allô Macha" ne conclut pas...:))). A bientôt sur nos lignes!
Avant de rencontrer mon mari, je collectionnais les hommes; mais quand je me suis mariée, je croyais sincèrement que c'était pour la vie, je croyais avoir trouvé celui qui m'accompagnerait pour le reste de mes jours, je voulais y croire en tout cas. Quatre mois plus tard, j'avais déjà envie de le tromper ... et j'ai eu d'autres occasions pendant toutes les années qui ont suivi, mais je ne voulais pas rompre le contrat, aussi, je n'ai jamais succombé. Mais je savais que j'étais une infidèle dans l'âme, car même si je n'avais pas concrétisé, j'en avais eu l'envie. Tout au fond de moi, je restais celle qui a besoin de provoquer du désir chez les hommes.
RépondreSupprimerLà vous me perdez les filles. Ils ne sont pas pléthore les couples qui durent autour de moi.<Et quand on connaît leurs dessous...
RépondreSupprimerCa ferait plutôt dans les 30ans que je ne suis plus en couple.
Si, un pseudo mariage le temps de donner un nom de famille à la descendance.
Bientôt 20ans de "liberté". Tout ça pour n'avoir vécu que, heu... Depuis? Et combien?