vendredi 3 juillet 2015

Là-bas.

Partie loin.
Partie respirer l'air d'une autre partie du monde. Bus, avions, villes, villages, plages, rencontres
Vu des riches et des pauvres, des singes, orang-outans, macaques voleurs et paisibles nasiques à la culotte blanche, un crocodile et des serpents, des poissons chamarrés et des tortues gracieuses, des bivalves multicolores et craintives, des lézards géants, des plages des débuts du monde, des arbres millénaires, des buildings rutilants, hauts, hauts et des cases dans la boue, des chinois et des hindous, des musulmans et des bouddhistes, des enfants qui jouent sous la gouttière de la pluie équatoriale et des pêcheurs qui vendent leurs poissons au cul des bateaux peints pour la fête, des voyageurs et des paumés, des solitaires et des groupés.
Des petits bateaux jaunes, bleus, rouges, qui traversent la rivière, mouvement perpétuel, il n'y a pas de pont dans la ville. 
La soie, le coton, l'or et l'argent, le cuir, le bois.
Les temples et les mosquées. L'encens et le piment.
Le laksa, les pupias, le nasi lemak, le bubur ayam et les roti chanaï.
Les appels du muezzin et la bière bue en cachette. 
Les journaux en plusieurs langues.
Les paroles en plusieurs langues. 
La mer trop chaude, les fleuves boueux.
La buée sur mes lunettes dans la jungle.
Le plastique, partout le plastique.
Les bagnoles, partout les bagnoles.
Les motos, les scooters, partout. 
Mac Do et KFC partout. 
Les plantations de thé, collines rayées de vert, moutonnement infini.
Les palmiers à huile, partout les palmiers à huile, bien rangés dans leurs allées tracées droit à la place de la forêt.
La culture sous serres, la laideur des villes, des immeubles rongés par l'humidité.
La publicité. Partout la publicité.
Le bus qui va à Ikéa. C'est écrit dessus, au milieu des autres destinations. 
Les hommes des campagnes en sarong. Les hommes des villes en jean. Celles qui se baignent tout habillées et celles qui portent des mini-jupes.
Les smartphones. Partout les smartphones. Une envolée de jeunes filles coquettes et maquillées, foulard artistement décoré de barrettes en strass, jeans moulants, se poussant du coude en riant, les deux pouces sur l'écran. Une vieille dame assise en tailleur au milieu de son étal de poissons séchés au marché qui consulte son écran. Un homme en sarong, sur sa mobylette qui fume d'une main et téléphone de l'autre.
Orang, ça veut dire homme, être humain. Orang-outan, ça veut dire "homme de la forêt". Nous partageons 97% de notre ADN avec eux.  Ils sont mal en point.
Je crois qu'on partage 100% de notre ADN avec les macaques. Invasifs, quémandeurs, agressifs, voleurs, rusés... Il semblerait même que certains se soient pris en selfie. C'est dire!