vendredi 15 mai 2015

Téléphone

Tu vas partir. Bientôt. Très loin. A l'autre bout de la terre. A l'autre bout du monde.
Ce voyage, tu en as rêvé sans oser te l'avouer. Sans oser y penser vraiment. Et puis un jour de blues, un jour de vertige au bord du net, tu as une conversation avec l'être qui t'es le plus cher au monde, ta fille, grande petite de 22 ans, grande petite devenue presque adulte, grande petite qui te connait aussi bien, peut-être même mieux encore, que toi qui l'as mise au monde... Et elle te dit des choses et elle te dit "Va, ne te retourne pas...". Elle te dit que tu dois couper, tu dois partir, repartir comme tu as su le faire par le passé.
Tu ne dors pas. Tu penses à cette conversation. Tu as besoin d'un ailleurs pour penser les choses autrement.
Tu vérifies la date de validité de ton passeport, tu passes un mail, un seul, à ton amie si proche et si lointaine et ton amie te dit "Oui. Viens".
Alors tu vas partir.
L'amie te donne deux/trois conseils pour ton voyage.
Apporte si tu en as un, un vieux téléphone portable, on mettra une carte Sim locale dedans.
Tu ouvres tes tiroirs, tu cherches un peu et au milieu d'un fatras de fils que tu démêles et d'objets hétéroclites, de cartes postales, de trombones, de batteries, de piles hors d'usage, de badges de colloques, de ficelles et de rouleaux de scotch...  Tu retrouves ton increvable petit téléphone blanc, que tu as délaissé il y a quatre ans au profit d'un "objet intelligent" (comme si les autres étaient des "objets cons")...
Tu le recharges et comme R2D2, il s'allume... Il est là, sympa, discret et plein de ressources encore, prêt à servir à nouveau. 
Tu l'ouvres, tu appuies sur les touches et tu lis les noms sur ton ancien répertoire...
Et une grande tranche de ta vie passée te remonte en mémoire...
Qui c'était ce mec dont tu lis le prénom et le nom ? Ah! oui! Je sais. Et puis cette collègue (quelle faux-cul celle-là!), cet amant perdu de vue (et si je l'appelais ? il en ferait une tête!), ce p... de directeur de cabinet qui a eu ta peau, ce type sympa avec lequel tu allais boire une bière en terrasse sur la place aux platanes, à côté du manège, après le boulot, en parlant de tout, de rien...
Ta vie passée.
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.  


 

lundi 4 mai 2015

Mon légionnaire

Il est grand, il est blond, il a une sacrée gueule, taillée à la hache un peu tu vois ? Il est beau, d'une beauté singulière. Il est beau dedans aussi. D'une beauté singulière. Je crois qu'il a fait des trucs un peu insensés. Des trucs de légionnaire. Des trucs de matelot. Des trucs de mec qui en a. Il avait pas peur il m'a dit.
Notre rencontre est parfaitement improbable. Notre entente est parfaitement insolite.
Sa peau est contre la mienne, sa morsure répond à la mienne, son sexe est doux, si doux, ses cuisses sont lisses, des cuisses de fille.
Je le prends et il me prend. Je grimpe sur lui, je le griffe, il me cale, me maintient, il est fort, il me fait des bleus avec ses doigts durs qui écartent mes cuisses. Des bleus tendres. Il fait jaillir l'eau de mon corps. Je le goûte, lui, son odeur, sa peau, son cul, son sperme.
Il fume et boit trop de café. On parle, on parle, on parle. On est très loin et très proches. On rit. On sourit. On partage nos corps et nos mots et nos maux.
Je suis heureuse de t'avoir rencontré.



samedi 2 mai 2015

Open bar


       

 Alors voila. L'interdiction préfectorale n'est plus. Welcome back on board!