Une ancienne commentatrice de mon blog me contacte, il y a
quelques mois.
Elle part bientôt faire un voyage à l’autre bout de la
terre. Elle aime bien ce que j’écris, même si elle ne commente plus depuis un
moment. Nous correspondons de loin en loin pendant quelques temps. Je lui envoie mon journal de bord du voyage en
question, puisque je suis allée dans ce pays il y a quelques années… Rien de
publié ici, c’est d’autre chose qu’il s’agit.
Elle part en voyage. Elle m’envoie un petit mot à son
retour. Puis, il y a environ quinze jours ou trois semaines, elle m’apprend qu’elle
va passer ici ce week-end. Elle sera chez un ami. Pendant toute notre
correspondance, elle refuse de me donner son prénom. Son mail et ses anciens commentaires
sont sous pseudonymes bien sûr. Pour ma part, je signe de mon (vrai) prénom. Je crois
comprendre qu’elle a eu des prises de becs virtuelles avec une autre
commentatrice… Je ne sais pas de quoi elle parle, je n’ai jamais – par chance
peut-être - eu affaire à un troll ou une trollette, ni à un commentaire
malveillant… Mais elle est
très chatouilleuse avec cette histoire… Je respecte son anonymat. Au fil des
derniers mails échangés, sa signature en forme d’initiale devient presque un
jeu.
Nous convenons de nous rencontrer à l’heure de l’apéro dans
une brasserie bien connue de la ville. Elle m'a demandé auparavant si je veux
bien rencontrer l’ami chez qui elle loge. Bien sûr, pas de problème. J’ai juste
une description physique – essentiellement un manteau rouge - et un numéro de téléphone. Je les retrouve
tous les deux dans la rue et nous allons ensemble boire ce verre dans ce grand bar
confortable que j’aime bien. On y sert de la Suze et de bonnes cacahuètes et
les joueurs d’échecs occupent les tables du fond. Ce qui sont de vrais
signes de civilisation...
La conversation s’engage, ce n’est pas désagréable, et voila
qu’au fil de l’eau, elle me dit : « Au fait, j’ai fait lire ton blog
à Bertrand!» (appelons-le Bertrand).
Je crois avoir mal compris... QUOI ? Cette nana qui habite loin (elle est suisse et il
est probable que je ne la revoie jamais), de passage, qui m’a fait une pendule
à propos de son prénom à cause de vieux posts anonymes échangés avec je ne sais
qui, se PERMET sans vergogne de faire lire mon blog, intime, parfaitement personnel,
anonyme sur la toile, à un mec qu’elle
connait à peine ( ils se sont rencontrés très récemment), mais qui habite ici (à deux pas de chez moi, ironie...)
et que je suis à même de croiser en ville car, sans nous être jamais rencontrés, nous fréquentons parfois les
mêmes cercles…
Je n’en crois pas mes oreilles. Hormis deux amis chers (vous vous reconnaitrez), PERSONNE dans ma vie ne sait pour ce blog. PERSONNE. Ce qui me
permet évidemment d’écrire ce journal très intime sans me censurer et d’avoir des correspondants
anonymes, même si j’ai fait quelques belles rencontres dans la vraie vie avec d’autres blogueurs et blogueuses, mais sur un
pied d’égalité, de complicité et de confiance réciproque qui ne s’est jamais
démenti. Je ne connais pas ce Bertrand devant lequel je me retrouve à poil. Je me sens
trahie, violée, vraiment. Je laisse éclater ma gêne et ma colère, mais le mal
est fait. Il est prévu que nous sortions ensemble, justement dans un endroit
que je fréquente depuis des années et où je connais la moitié des gens… La soirée se passe cordialement, je suis
courtoise. Quand je rentre, il est tard et j’ai du mal à m’endormir.
Je ne sais pas quoi faire. Fermer cet espace ? Le
rendre privé ? Mais alors perdre une bonne partie de mes correspondants… ce blog est important pour moi. Je suis très en colère et dans le plus grand
embarras. On ne m’y reprendra pas… En attendant, je fais quoi ? Je déteste cette situation.