lundi 26 mars 2012

Ode à Marseille...

Ce week-end , on a changé d'heure. Je déteste changer d'heure. Surtout l'heure d'hiver... Ce dur noircissement du temps et des jours. J'aime l'heure d'été, les jours qui rallongent, leurs promesses de soleil, de chaleur, de langueurs, de lumière qui s'étire sur les murs de la maison, les couchers de soleil qui finissent dans des embrasements de la mer, là-bas sur l'Estaque. Les bateaux pour la Corse dont j'aperçois les cheminées fumantes entre les faitages de la ville. Mais je n'aime pas changer d'heure. Ma petite biologie s'en plaint et dort mal quelques jours. Mon côté paysan sans doute...
Aujourd'hui, les plages étaient pleines de maillots de bain, d'enfants s'éclaboussant dans l'eau, de quelques nageurs intrépides. La mer était, comme toujours sur la Corniche, transparente, moirée, bleu turquoise, les fonds rocheux se détachant avec acuité sur le sable grège... J'habite une des plus belle ville du monde, pour ce que je connais du monde. Bruyante, sale, mal élevée, criarde, poisseuse, trop chaude, trop froide, mais magnifique, ouverte, riante, créative, sévère aussi, chiante, mal gouvernée, népotisme et gros bonnets, mafia syndicale et argent sale...  mais si belle au détour de l'Abbaye Saint-Victor, le Vieux-Port vu du Pharo, les Calanques, les Iles du Frioul au loin... Je ne m'en lasse jamais. Jamais.
J'ai voyagé et habité plusieurs endroits. La Guadeloupe, Paris, Nice, Liverpool, Edimbourg, Lille, New York, Washington... Bordeaux fut ma dernière étape il y a six ans entre deux tranches de Marseille...  Si je n'ai pas détesté cette très belle ville classique, j'ai souvent comparé les deux villes.Et j'ai songé que si je devais les personnifier, je dirais que Bordeaux c'est Catherine Deneuve, beauté "froide" (même s'il semble que la personne Catherine Deneuve ne le soit pas!), classique, mesurée, magnifique certes, mais intimidante, aux traits réguliers et à l'expression calme... Marseille c'est Victoria Abril, délicieuse, vivante, bouillonnante, voire hystérique, sexy en diable, avec un accent à se damner et des yeux pétillants, capable de tous les sentiments, allant du rire au drame, des soirées alcoolisées à l'intimité d'un aveu sidérant.
Rien n'est doux ici, ni le climat, ni les habitants, ni la ville. Ce n'est pas Plus Belle la Vie. Quand le Mistral balaie la ville, le froid glacial et l'impeccable bleu du ciel lavé de ses scories, quand la pluie tombe en trombes célestes et que les rues débordent d'un trop-plein qui ne se contient plus. Laideur de certains quartiers trop vite poussés et négligés, éventration urbaine d'autoroutes qui dégueulent leur noirceur dans le centre ville, encombrements ubuesques. Splendeur des ses couleurs, rochers blancs aveuglants et pointus bleus, ocres du Fort Saint-Jean et de l'Abbaye Saint-Victor, peaux multicolores et boubous chamarrés, toutes les épices du monde rue d'Aubagne, marché africain, maghrébin, asiatique à Noailles et  rue Longue des Capucins, fruits, légumes, poissons, beignets, gâteaux et pains exotiques...
Il y a tant à dire et à écrire sur cette ville foutraque, héritière d'un si long passé. C'est ici que je vis et après toutes mes errances, j'aime quelquefois penser que c'est ici que je mourrai. (Heu... Rien de presse!).

28 commentaires:

  1. Merci Marieh2o pour cette flânerie haute en couleur dans une ville qui m'est totalement inconnue.
    Cela contraste tellement avec ce qu'on en sait... de loin !
    Envie de vacances dans le Sud tiens !;)

    RépondreSupprimer
  2. MARE NOSTRUM ! J'ai failli m'installer à Marseille il y a quelques années, ce sera mon grand regret, nous avons choisi Montpellier avant de revenir sur Toulouse. Je ne désespère pas d'accoster un jour là-bas :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même réponse qu'à Eff... Si tu passes par là, n'hésite pas! On ira boire un verre dans le soleil couchant au Bar de la Marine...

      Supprimer
  3. Quand vous voulez Eff, quand vous voulez! J'adore faire visiter ma ville loin des clichés et des portes ouvertes! Si vous passez par là, envoyez-moi un petit mail!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'y manquerai pas... plus de 10 ans que je n'ai pas mis les pieds sur la côte !
      Si en plus, vous avez la gentillesse d'être notre guide, je vais secouer ACDS pour qu'on se bouge les fesses ;)

      Supprimer
  4. J'ai fait connaissance de Marseille vers 20 ans (alors que je connaissais Aix depuis quelques années, où mon frère aîné faisait ses études), en transit pour Cassis où j'allais profiter de l'auberge de jeunesse, en pleine zone réservée, sans véhicules, ni eau courante, ni électricité, un endroit étrange). Marseille m'avait fait à l'époque une impression très désagréable, j'avais trouvé la ville sale, laide, peu accueillante et je suis resté longtemps sur cette mauvaise impression.
    De nombreuses années plus tard, j'y suis retourné quand mon frère, amoureux des calanques, est venu s'y installer après un long séjour parisien. Ça m'a permis de revenir sur ma première impression, de l'amender, même si je ne partage pas encore votre enthousiasme. J'ai beaucoup aimé le cimetière Saint-Pierre où nous avons placé les cendres de mon père l'an dernier. Marseille a un sacré caractère. Bordeaux me paraît plus ennuyeuse (mais je connais peu cette ville) (Lyon me paraît appartenir à la même « famille »), et j'aime Toulouse et Montpellier, moins mégalopoles mais douces à vivre.
    Mais je reste un indécrottable PARISIEN !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'adore Paris où j'ai vécu pendant près de dix ans. Mais cette ville s'est tellement "gentryfiée", tellement fermée... C'est sans conteste une splendeur, mais sa beauté vivante s'est transformée en un magnifique musée, inabordable à 10 000€ le m2... Comme Manhattan que j'ai bien connu dans les années 80 et où je suis retournée récemment, ou Londres... Une impression de vitrine. Dommage! J'aime les lieux plus incertains, plus brouillons, un peu moins définis, même si Paris n'est pas que cela... Berlin, Budapest, Brooklyn ou le Neuf-Trois. J'avais lu il y a longtemps "Les passagers du Roissy Express" de François Maspéro et cette vision de la périphérie m'avait enchantée.
      A bientôt, Parigot (tête de veau!) de la part de Marseille (Bouche de Vieille!).

      Supprimer
  5. Dites Marie la boulingueuse (p'tain vous avez bourlingué ! ;-)), j'adooooore cette description de cette ville qui gagne à être mieux connu... C'est tellement ça.
    Moi qui partage mon temps entre Paris et la Provence, je me retrouve dans le tableau de ce Babylone phocéen, on y côtoie le meilleur et le pire, le beau et le sale, c'est un ville de contrastes entre le bleu des calanques, la grisaille des cités et la chaux des vieux quartiers...

    J'adore quand en arrivant sur Marignane, on survole cette cité, ses cotes, ses reliefs et sa mer moutonnante. La lumière du ciel lustré par le mistral y a une intensité qu'on ne trouve nulle part ailleurs.

    M'inviterez-vous à partager une mauresque sur le vieux port? ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci cher ami pour ce joli compliment. Pour le reste, quand vous voulez Mister Flow... Vraiment quand vous voulez!

      Supprimer
  6. comme cui,je me souviens de cette auberge de jeunesse atypique ou on était à la lampe frontale le soir et que c'était douche glacée :)
    un très bon souvenirs tout autant que mes départs vers la corse depuis Marseilles!
    alors moi avec vous, je choisis la criée sur le port le matin? dites vous voulez bien qu'on aille s'acheter des sardines??
    :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Dita,
      On ira donc s'acheter des sardines sur le Vieux-Port... Mais attention! Ca dépend des arrivages. En ce moment, il y a plutôt des turbots! Ou alors, après avoir marché dans les calanques, on prendra l'apéro en dégustant une petite friture...
      A bientôt!

      Supprimer
  7. Oui... très jolie description. J'adore la comparaison Deneuve-Avril... étrangement ça m'explique des choses. Autant j'adore Victoria... autant Marseille, j'avoue être passée à côté (née prés d'Avignon et ayant fait mes études à Aix en Provence) je parle au propre et au figuré. Marseille a été trop tout pour moi... même si je dois l'avouer je n'ai jamais vraiment pris le temps de l'apprivoiser. Au printemps... sans doute une période idéale...

    RépondreSupprimer
  8. Merci Claire. Le mot "apprivoiser" est très juste. Comme le notait CUI, Marseille n'est pas forcément hospitalière et ne se laisse pas approcher très facilement. Elle est un peu "trop" en effet. J'ai mis longtemps à y trouver mon chemin. Et je connais quelques néo-marseillais qui ne s'y sont jamais fait. Cette ville a au moins autant de défauts que de qualités! Mais maintenant, me voila ancrée et j'aime ce port d'attache, comme on l'aura bien compris à travers ce billet!!!

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour. J'arrive tout juste sur ton Blog invite ardemment a le lire par Cristophe... Bravo pour la très belle description d'une ville qui te convient et que je ne connais pas... Je connais beaucoup plus Bordeaux que Deneuve, la douceur Girondine me va tout a fait.

    A une prochaine fois. Bleck

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bienvenue ici Bleck. J'ai aussi apprécié la douceur girondine... Le ruban boueux du fleuve, les lumières, les anguilles grillées dans un petit boui boui à Pauillac au bord de l'eau... Aimer l'une (Marseille) ne veut pas dire ne pas aimer les autres! (C'est valable aussi en amour non ? ^_^).

      Supprimer
  10. Je suis du même avis que CUI sur Marseille. Mais j'aime bien y aller de temps à autre car j'y ai des amies marseillaises déjantées qui m'apprennent des tas de mots rigolos, qui ont le sens de l'apéro et qui m'ont fait goûter les supions et les sardines grillées. Selon elles, Marseille est le centre du monde :-) Par contre, j'aime beaucoup Cassis!

    Mais quitte à aimer une ville du sud ubuesque, je préfère Naples.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suis jamais allée à Naples... Mais j'aimerais bien! Quant aux mots de vocabulaire rigolo, je me prends à les employer tout naturellement. Ca finit par venir tout seul... Je ne dis plus à quelqu'un qui me dit (avé l'assent) : "Oh, peuchère! Yavait degun!" "Mais c'est qui ce degun?"... :)

      Supprimer
  11. Bonsoir Marie,
    ton beau texte m'a évoqué Izzo et l'amour vibrant que cet écrivain avait pour sa ville. Couleurs, paysages et joyeux bordel, on s'y croirait !
    Comme toi, je n'aime pas les villes "rangées", trop propres, trop belles... trop spectaculairement froides (ou froidement spectaculaires, c'est selon). Besoin de foutraque, de cacophonie, de juxtapositions un peu criardes, l'impression d'une vie dedans et dehors. Et pourtant, j'aimais Paris, les quais de Seine, Saint-Paul, la place de la Concorde à la nuit toute jeune. Et en contrepoint, certains quartiers dits populaires, l'exotisme des tenues chamarrées, des épices, de tout ce qu'il y avait à y manger sans qu'on sache vraiment ce qu'il y avait dans notre assiette... Mais c'était délicieux (OK, pas toujours. :) )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Chut,
      Mais j'aime tant Paris aussi... Lorsque j'y vais (assez souvent finalement), je ne manque jamais d'y flâner un peu, d'y retrouver mes marques et en décembre dernier, y passant une semaine, j'ai fureté et retrouvé ses merveilles... Pris des photos, visité des expos... Un des endroits que je préfère est la passerelle du Pont des Arts que n'est jamais surfaite! Et Tati à Barbès :) Je regrette simplement son prix au m2, qui en écarte le vulgum. Je rêve du Paris de Doisneau. Mais en fait, je suis jalouse... Mais chuuuut!
      PS : si je t'évoque Izzo,je sais plus où me mettre!

      Supprimer
  12. Je ne vais pas être originale après tout ce qui a été dit sur la ville que tu loues ici. Ca sent le soleil ce post !
    Il y a de ces endroits que l'on a envie de visiter mais surtout de "sentir" et je ne parle pas de la bouillabaisse, sourire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bon... Ben... On va affréter un charter. Au départ de la Belgerie et qui fera du "Hop On" à travers la Francerie pour ramasser tous les bloggers/bloggeuses en manque de sardine. Y va être content M'sieur le Maire*!
      *NB : En Provencerie, on dit "Moussu lou Maïre".

      Supprimer
    2. Je m'inscris au voyage organisé! La Provencerie, je connais juste oune petite pou. Inutile de prendre un charter, avec les Talys et les TGV on devrait pouvoir s'organiser une soirée Pastaga (obligée de la faire celle là aussi) et bouillabaisse

      Supprimer
  13. mais sinon l'om , ça va comment ???
    (question pourrite du mardi très tard d'une femme absolument pas foot mais il fallait la faire celle là ^^ surtout que j'ai entendu les supporters sur france inter. ça va être calme marseille demain ^^)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Aaaaaaaaaaaaaargh! Ditaaaaaaaa! Nooooooon! PAS l'OM!!! Pas le mot!
      Splaaaaaash! Plooouuuffff! Trop tard! J'ai sauté dans le Vieux-Port!

      Supprimer
  14. il fallait bien que quelqu'un la fasse :p
    on me parle bien de tartiflette ou de fondue à moi et tu crois pas que ça me desespère !!! ^_^
    un sauvetage en règle pour la sardine pour me faire pardonner...

    RépondreSupprimer
  15. je confirme... notre ville est belle. et unique.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chic! Un compatriote! Bienvenue ici. Merci de votre commentaire. A bientôt!

      Supprimer