Samedi dernier, je vais dans une soirée privée BDSM... Ben voui. On se refait pas! J'y vais seule, je connais les hôtes, ça ne pose pas de problème.
La maison est dans un coin reculé d'une forêt domaniale de l'arrière pays. Ca sent la châtaigne et les champignons, les sangliers ne sont jamais loin...
Une grande maison bourgeoise, une superbe piscine.
Le donjon est en bas, très bien "équipé"... Tout y est ou presque de ce qui fait fantasmer sur cet univers.
Croix de Saint-André, sling, tables et sièges divers et variés dont je vous laisse deviner l'usage, liens, cordes, martinets, paddles, cages... Je renvoie le lecteur (la lectrice) non averti(e) à son petit guide "le BDSM pour les Nuls", bible de chevet bien sûr! (Evitez cependant Fifty shades of Grey, vous me feriez plaisir...).
Je sors de la mer, je suis toute salée, il fait si beau. C'est l'été indien. Douche rapide, je m'habille en noir, dress code oblige, mais sobrement. Veste en cuir sur débardeur, jupe courte de punkette, escarpins vertigineux, des bas noirs gainent mes jambes allongées (j'ai pris 12 cm, je vois la vie différemment!). Rien de très marqué. Je pourrais sortir en ville ainsi, n'était la jupe un peu trop courte.
Les codes de ce tout petit milieu sont très particuliers Suis-je soumise sans collier ? Suis-je Maîtresse sans soumis? Je ne dis rien. Je suis Marie. Je sirote mon champagne sur la terrasse en regardant les gens arriver. Il y a de tout, un peu. Une très jeune fille, la petite vingtaine, minuscule et jolie, petite soumise éplorée, son "Maitre" est là avec une autre, un soumis hâbleur, parisien désenchanté, des couples de tous genres, de tous âges... Laids, gros, vieux, jeunes, banals ou plus intéressants. J'observe. Il y a entre 30 et 40 personnes.
Nous sommes deux femmes seules. Elle, une brune de la bonne cinquantaine, avenante, une Maîtresse s'affichant ainsi.
Elle me dit "Bonsoir Marie. Nous nous connaissons. Vous êtes seule ? J'ai connu votre ancien Maître. Peut-être vous rappelez-vous de moi, nous étions ensemble au dernier réveillon". Vague souvenir de l'avoir croisée en effet. Car M et moi avions passé le réveillon 2013 dans cet endroit hospitalier.
Evidemment, ça éveille ma curiosité... Eaux troubles.
Avant la fin de notre conversation, j'ai appris qu'elle avait été sa Maîtresse, dans les deux sens du terme, au moment que je croyais être un des endroits clé et importants de notre relation... Le moment où il a quitté sa femme et quand, quelques semaines plus tard, il m'arrivait la même chose... Le moment où notre histoire est devenue ouverte, possible. Et ce n'est pas tant qu'il ait ces vraies tendances d'humiliation, de bi-sexualité honteuse et d'un certain masochisme qui me le rend étranger scandaleux. C'est le mensonge permanent, ses mensonges à moi, bien sûr, ses mensonges à elle (je suis exclusif, il n'y a personne d'autre, et hop! on baise sans capote!), ses mensonges à lui-même, ce ver de terre qui se tortille dans ses contradictions... On a fait copines toutes les deux, et ont germé quelques idées d'un retournement de situation. Mais ce sera pour plus tard....
Du coup, pleine d'une énergie insoupçonnée, je me suis retrouvée à fesser le blasé parisien avec un entrain qui m'en a fait mal aux mains. Le martinet ne fut pas plus tendre. Il a eu chaud au cul et il m'a dit merci... Défouloir.
Eaux troubles...
Et puis, lassée du parisien qui se prosterne à mes pieds, enlace mes chevilles, et m'empêche de marcher librement, c'est désagréable au bout d'un moment une haleine chaude sur le coup de pied, quand il a fini de lécher mes semelles (me concernant aucun intérêt érotique...), je le repousse et vais prendre l'air sur la terrasse pendant que le donjon s'anime de scènes diverses et variées... Bougies, fouets... La fête bat son plein.
J'entame une conversation qui va durer 24 heures avec un homme, très grand, massif, clair de peau, les yeux bleus délavés, sobrement vêtu d'une chemise et d'un pantalon noir. C'est un Maître, un homme de la terre, arrivé par le hasard d'un déplacement familial sur ce bord de Méditerranée estival... Il m'explique. Il "pratique" depuis plus de 30 ans, BDSM old school, bien avant la mode, bien avant le porno chic, bien avant, quand c'était encore très secret, très mystérieux, très caché... On parle, on parle, on parle... Ma curiosité n'a pas de bornes. Il a des soumises, trois à la fois lui parait un bon équilibre, des couples soumis aussi... On prend la décision commune, spontanée, de partager une chambre chez nos hôtes puisqu'il était prévu que nous y dormirions. C'est curieux. Je ne connaissais pas cet homme quelques heures auparavant. On ne fait pas l'amour. Il me touche. Il veut. Il cherche avec ses doigts à me faire jouir. A ce que je me rende. Je ne veux pas. Dans le secret de l'alcôve, il me met un collier, une laisse. Le jeu dure... jusqu'au petit matin. Je le repousse. Je m'endors. Au réveil, on va faire un plongeon dans la piscine... On joue encore, on se séduit, mais je dis non, toujours. Je crois que je le déstabilise un peu. Il n'y a guère de rencontres spontanées dans son monde, surtout depuis Internet. "Un vrai Maître ne cherche pas, ne contacte pas. Il est contacté" me dit-il. Je le crois. Je le tutoie, l'appelle par son prénom (jamais au grand jamais un/e soumis/e ne tutoie un Maître...). Alors que dans mes jeux et mes aspirations, j'ai plutôt le profil de soumise, même si je joue aux deux. Switch! Et libertine qui plus est. Dans ce monde là, on ne baise pas, Monsieur, on ne baise pas. On prie...
On passe la journée ensemble, on va à la plage, puis on dîne à Saint-Raphaël... Il a une grosse moto et suit ma petite Clio anodine.C'est un homme agréable.
Je suis troublée par ce qu'il me raconte. Je ne suis pas sûre de relever ce défi là. C'est trop d'abnégation. Mais les plaisirs entrevus sont immenses. Je le sais pour avoir quelquefois touché les étoiles.
Drôle de week-end...
Eaux troubles...
C'est effectivement très troublant comme récit, comme rencontre... je me demande si vous avez fini par rendre les armes, choisir votre rôle... On a parfois envie de marcher hors des sentiers battus mais ces divergences ont un prix qu on ne connaît qu'à la fin de l'histoire. Bon voyage. MylN
RépondreSupprimerMerci de ce commentaire et bienvenue MyIN. Je choisi de ne pas choisir avec cet homme. C'est une rencontre... Ca s'est arrêté là. Pour fascinée que j'ai été, je crois que je n'irai pas vers cela. La vie est multiple et je ne veux pas m'enfermer dans l'exclusivité exigée à sens unique.. Et je ne veux pas mentir...
Supprimer"Tout commence par une histoire d'ô
RépondreSupprimerPuis on choisis a qui on offre son collier. Une offrande,
Choisir
Mais faut il accepter la dissymétrie dans l'exclusivité?
Après, réaliser qu'on a aimé un homme qui n'a pas su partager toutes ses facettes; s'en être prives, de son fait, dommage ...
Ensuite viendront des complicités, féminines ou pas.
Si long is the Way to heaven; or hell, but good enough!"
J'adore les paroles...
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=qKggnBh2Mdw
Moi j'ai ri. Finalement le seul qui a vraiment eu ce qu'il est venu chercher, c'est ton parisien.
RépondreSupprimerJe ne sais pas quelle est la petite étoile qui a traversé les ciels du sud samedi dernier, mais elle n'en finit pas de pleuvoir des étincelles.
Sourire, Mars, sourire... Tu n'as pas tort... Quant à l'étoile, elle a continué à briller le week-end suivant. Hier, la mer était encore sublime. Bain aux Calanques! Que demander de plus ? Ah! oui... Peut-être une petite fessée pour se réchauffer en sortant de l'eau... Et encore...
SupprimerTu penses. Moi j'ai défense de quitter l'étoile des yeux.
Supprimerdans "ce monde là", si petit, tout petit, il est vrai, il y a quelques rares personnes à ne pas respecter ces règles non plus, ce conformisme, tenue noire exigée et tout ce qui va avec. imaginez donc, ça fait pas beaucoup de pas grand monde, et encore... je suis optimiste de nature.
RépondreSupprimermais je respecte ceux qui exigent la tenue noire et tout ce qui va autour. si ça leur fait plaisir... simplement qu'ils ne viennent pas pleurnicher qu'on ne me voit pas dans leur soirée.
maintenant, revenons à notre sardine et sa nuit en boit- oups... en cage, ou en donjon. un dominant vous dira souvent qu'une personne soumise qui se livre immédiatement, ça n'est pas le jeu qu'il/elle préfère. alors... du moment qu'on passe un agréable et plaisant moment ensemble
switch ? hum, ça arrive plus souvent que l'on ne croit, et cela fonctionne souvent ainsi que vous le décrivez, selon son partenaire, on est l'un ou l'autre, rarement les deux. c'est une forme d'exclusivité. qui a sa logique et ses raisons. je ne sais pas s'il est bon d'en informer mutuellement ses partenaires mais je préfère le savoir, personnellement. après chacun fait comme il veut.
plus que de savoir si on est dominant ou soumis, ou les deux, et libertin pour pimenter le tout, je m'intéresse à savoir si la sexualité SM correspond vraiment à la personne ou si c'est pour suivre la mode. suivre une mode n'est pas si mauvais en soi, du moment qu'on la fait sienne.
(une petite parenthèse sur le rejet du libertinage par ledit milieu sm. on peut l'expliquer par le fait que bien souvent, certains pensaient (pensent) que les soirées sm étaient des soirées open bar sexuellement avec des soumises disponibles à tout, tous et toutes. remettre les pendules à l'heure n'est ni agréable ni facile. c'est d'ailleurs tout autant le cas dans les soirées libertines. mais la sujétion des personnes soumises les rend d'autant plus vulnérables. voilà pourquoi le milieu sm est sans doute plus exigeant, et a priori plus fermé.
de plus, puisqu'il est beaucoup question de contraintes et de contrôle, il y a une certaine opposition entre relation sm et libertinage, il faut savoir jouer sur les nuances (hum) pour maintenir les premières dans une sexualité plurielle telle que l'on pratique dans le libertinage qui ne cherche qu'à s'en affranchir !)
relire un post, et ces commentaires, 2 ans après c'est ... troublant.
Quel commentaire! Et bien merci Brigit! Je partage l'ensemble de vos réflexions. Votre dernière phrase m'intrigue... Vous êtes-vous replongée dans votre blog ??? A bientôt!
SupprimerAu delà des clichés et des lieux communs, l'essentiel est d'être et de se laisser bercer, authentique et sincère, par ce qui s'invite parfois avec la douceur de l'évidence (ou pas!). Appelons ça bdsm, libertinage, libersm ou bdtinage, quand c'est sur le terres du plaisir partagé, les horizons n'ont pas de limite... ;)
RépondreSupprimerEtrange cette relativité des choses et comment ces mensonges ont contribué au bonheur expiatoire sans faille du parisien blasé...
Sans faille, sans faille... Il se tortillait beaucoup trop le Parigot! :) Merci Monsieur Méchant qui êtes passé par ici. Je me transformerais bien en petit chaperon rouge... Hum hum... Je m'égare...
Supprimersouvenirs souvenirs...lointains mais agréables
RépondreSupprimerWelcome Columbine... Et chérissez vos souvenirs. Qui sait ?
SupprimerTroublant en effet. Autant par le début de soirée ou tu apprends des faits qui font mal que par les faits qui suivent ou tu fais mal aux autres et ou, pour le coup, la soumission devient impossible ! J'imagine qu'il faut rester en accord avec soi-même. D'autres circonstances t'auraient emmené à d'autres choix ? Comme tout le temps d'ailleurs !
RépondreSupprimerJe ne crois pas que d'autres circonstances m'auraient amenée à d'autres choix... Comme le dit Brigit, dans son long commentaire, ce ne sont pas tant les circonstances que les personnes/partenaires/amoureux(ses)... qui guident les choix. Je t'embrasse Cd'E...
SupprimerJe viens relire ton post. Et cette histoire d' eau, ( Ô ? ) comme une ritournelle entre les lignes me plait beaucoup
RépondreSupprimerEt ce qui me fait rire, et le léchage de semelle consentie me fait sourire