samedi 23 août 2014

Une riche vie intérieure


Tu te retrouves aux urgences, toi avec ta cheville qui a quadruplé de volume, le jeune homme qui a pris un surf dans le crâne, la fille qui faisait du vélo et s’est explosé le coude, l’autre nana qui a un genoux comme une pastèque… Tu as mal, tu attends, tu passes de l’infirmière à la toubib, on t’envoie faire une radio, tu attends, tu clopines à nouveau dans les couloirs interminables, tu as soif, tu ne peux pas fumer, tu croises une obèse en fauteuil roulant à qui il manque une jambe,  tu avises un vieil homme allongé sur un brancard, posé là, perclus de perfs, avec de l’oxygène dans le nez, qui tente dans un effort désespéré de remonter sa couverture parce qu’il a froid. Tu clopines pour aller la lui remonter. Il te remercie dans un souffle.  Tu continues le circuit et tu ressors cinq heures plus tard avec une belle photo en noir et blanc de ta fracture et ton plâtre… Les gens sont très gentils et c’est gratuit.

Tu es là, la jambe blanche, les orteils qui dépassent. Tu es venue chez tes amis voire l’Océan et tu t’es cassé la gueule dans un trou de sable dans la forêt de pins, parce que tu as voulu aller faire un petit jogging un jour de bruine.
Tu sens une immense vague de blues t’envahir. P… ! Tu es seule, l’autre est aux abonnés absents, tu es venue avec ta caisse en prenant de gentils covoitureurs sur Blablacar, comment vas-tu rentrer ? Et cet entretien pour une mission dans cette collectivité de la Côte d’Azur à 200 bornes de chez toi la semaine prochaine ? Jurons divers et variés, sanglots, reine des pommes, mais quand la poisse va-t-elle s’arrêter ? 

Et puis Lo est là, elle te rassure, on trouve des solutions pour tout. Tu rentres à Marseille. Quelqu’un conduit ta voiture. Ca arrange tout le monde. Bon plan.
Et ta fille chérie est là, elle te rassure, elle fait les courses, te remonte le moral.
Et elle te trouve une copine qui t’amène en voiture pour ce fameux entretien à 200 bornes. Y aller en béquilles, c’est un signe de motivation évident non ? 

Alors maintenant, tout est à peu près en place, reste plus qu’à patienter. Entre 30 et 45 jours de plâtre, c’est écrit sur le papier à en-tête de l’hôpital. Au mieux (et si 30 jours) encore trois semaines.
Mais ta fille va bientôt repartir vers de nouvelles aventures, l’autre est toujours aux abonnés absents, il ne sait rien de tout cela, (bon, allez, sois raisonnable et dis-toi bien que c’est fini, même si ça fait mal…), l’ex est en vacances avec sa nouvelle loute, et de toutes façons il vit loin, les copains ont du lait sur le feu (normal, z’ont pas que toi à s’occuper) et si l’un(e)  ou l’autre passe prendre le thé, c’est déjà pas mal.
Ta rentrée est repoussée d’autant, pas d’inscription avec le chouette partenaire que tu avais trouvé pour le cours de tango que tu guignais, pas de travaux dans la maison, ça va attendre, renouer avec ta vie sociale aussi. Reste quelques CV à envoyer… Des bouquins à lire, tu découvres Léonardo Padura et tu en es ravie, tu lis en vrac polars, romans (Jonathan Coe « Expo ‘58 », délicieux), tout ce retard que tu avais, et puis  Mad Men, Dowtown Abbey, Treme (tu te retiens pour ne pas y passer tes nuits),  Arte+7, l’écriture…  

Reste une riche vie intérieure…

15 commentaires:

  1. Et les blogs!

    Le vôtre m'a tenu compagnie pendant mes propres longues semaines de riche vie intérieure.

    Avec d'autres.

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    1. Et les blogs! A lire, ou à écrire! A bientôt sur nos lignes!

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  2. mais...mais... on va la faire tourner non de non cette p.... de roue!
    je t'embrasse dans ta vie intérieure très riche <3

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    1. Quand tout un tas de trucs négatifs t'arrivent, n'est-il pas temps (temps contraint certes, mais on peut y voir un signe...) de s'arrêter, se pauser sur pose, se dire que le chemin n'est peut-être pas le bon ? ...... Je t'embrasse.

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    2. certains diraient que ta fracture arrive parce que tu avais besoin de cette pause. Je ne sais pas. Mais il est vrai et je constate souvent que le corps nous dit stop parfois ou nous aide à nous orienter.
      Dans "ton cas" , il me semble pas que tu étais dans une course folle et non controlée. Mais ça, seulement toi peut me répondre.
      je t'embrasse fort

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  3. 3 semaines minimum ? C'te galère. J'espère qu'il y a un bon ascenseur dans ta résidence !
    Et que cet entretien soit favorable !
    Bises douces

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    1. L'entretien est passé... Bien passé... Wait and see... Merci de ces bises douces. Et l'ascenseur fonctionne!

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  4. Tu possèdes la plus riche des richesses ! Bon rétablissement Marie ! :)

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  5. On dirait que nous avons tous plus ou moins eu droit à une très chouette vie riche en surprises et autres joyeusetés cet été !...
    Et encore nous sommes les mieux nantis, grâce aux blogs, comme le souligne Mars :-)
    Peuchèreu ! Allez allez. Tu peux encore écrire ou corriger les fautes du scripteur de tes 10 doigts ! Pour nous ravir encore de ton style et arriver à nous faire presque sourire de tes mésaventures! Pas pour la mésaventure, mais pour le ton et la tournure de ton récit.
    Guéris vite et remets-toi bien.
    Je t'envoie le gros bisou qui guérit. Tu te sens déjà mieux, là, nan ?

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    1. Merci chère Ludie-Vine! Je me sens déjà guérie. Mon os se recolle, il me le murmure doucemement... J'espère que tes joyeusetés de l'été feront place à de vraies joies d'automne... Bises. Et merci du compliment!!! J'en rosis! :)

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  6. Ce serait aussi un très fort signe de motivation si tu allais au cours de tango en béquilles.
    Blague à part, je suis d'accord avec Ludie à propos du ton et de la tournure, et te souhaite, c'est la moindre des choses, le meilleur des rétablissements en bon équilibre sur deux jambes.

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  7. 5 heures pour ressortir de l'hopital avec un diagnostic et un platre!? Au Québec il t'aurait fallu attendre 15 heures pour un diagnostic et un jour ou deux de plus pour le platre....

    prompt rétablissement et bonne vie intérieure. Des fois ça fait du bien de se retourner sur soi-même.

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    1. Ben alors! Moi qui rêve du Canada! De Montréal! De Québec!
      Si j'avais les ailes d'un ange...
      Et bien, si j'y retourne, je tâcherai d'éviter les hôpitaux! :)
      Et oui, ça fait du bien (et du mal, c'est difficile!) d'arrêter d'essayer de contrôler les choses, de réfléchir... Grand retour sur moi-même en effet!

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