Je finis par trouver. Je l'attends les yeux bandés, le coeur battant... Une première pour moi...
Je découvre sa peau, son souffle, ses mains... Puis son visage quand il enlève mon bandeau...Très joli souvenir.
Je me découvre.
Clandestine - il est marié et moi aussi - la relation prend de plus en plus de place. On prend des risques...
Et puis on s'attache...
Et puis le temps passe...
Il quitte sa femme en septembre 2012. C'est dur, brutal, violent. Elle est psychologiquement malade, très dépressive, voire bipolaire, internée à plusieurs reprises, physiquement très fragile... Mais il n'en peut plus de cette vie commune de plus de vingt ans. Notre relation est un catalyseur. Il lui reste fidèle en ce sens qu'il est auprès d'elle, qu'il paye, au sens propre et au sens figuré. Elle connait mon existence, sa haine se focalise sur moi. Elle me traite publiquement de noms odieux. Elle tente de monter tous leurs amis, leur fille contre lui... Banalité parait-il dans tant de séparations... Elle fait irruption deux fois, une furie qu'il a peine à contenir (physiquement) sur le parking de la maison où elle pousse des hurlements, des éructations... J'ai peur. Je suis choquée. Je crois qu'elle veut me tuer. Chantage, tentatives de suicide à répétition...
De mon côté, la vie change aussi.
Notre couple devient officiel.
Il finit l'été dernier, en 2013, par rencontrer ma fille au cours d'un dîner, quelques uns de mes amis, on passe des vacances en bande de potes (no sex!) sur la Côte Atlantique. Je rencontre sa fille, jolie brunette du même âge que ma rejetone. Ca s'apaise doucement. On habite à 150 bornes, mais on passe nos week-ends ensemble, alternativement rats des villes et rats des champs...
Et puis... J'ai des problèmes de boulot, il a (toujours) des problèmes avec sa femme, sa fille...
Cette dernière année, la relation s'enlise. On se voit essentiellement tous les deux. Pas vraiment de vie sociale commune, plus beaucoup d'excitation, des projets en berne.... On tourne en rond.
On baise moins, on ne baise plus...
Une forme de conjugalité s'installe...
Le 18 juin dernier (non non, pas d'allusion...), je lui envoie ça :
"Le temps qui m’est donné aujourd’hui me permet de réfléchir (un peu) à notre relation.
Qui est tombée, comme tu le faisais fort justement
remarquer l’autre jour, dans une sorte de quotidien confortable (très)
et un peu sans surprise…
Confortable comme un vieux jean un peu mou, celui qu’on met pour aller faire ses courses…
Confortable comme ces nuits où nous dormons côte à côte sans beaucoup nous toucher (je dors bien avec toi).
Confortable comme nos petites habitudes, apéro chez
toi, verre au pub chez moi, course à pied, shopping ou balades (j’aime
prendre l’apéro, courir, faire du shopping et me balader avec toi).
Confortable comme un métronome pour un apprenti pianiste qui répète son morceau…
Nous avons tellement partagé nos histoires, nos problèmes, nos enfants… (j’aime partager avec toi).
Je crois pourtant qu’il commence à manquer ce piment à l’histoire qui en faisait le sel il n’y a pas (si) longtemps.
Je ne sais pas si c’est le temps qui passe, la vie
qui se renouvelle peu (je dois dire que mon récurrent problème de boulot
n’aide guère… ), la cinquantaine qui tape, la flemme, une forme de
lassitude, la fatigue des semaines qui tombe sur les épaules le
week-end, on se connait presque par cœur, on est en mode répétitif (mais
comment faire autrement ? ), le confort donc…
J’ai toujours beaucoup de plaisir(s) à nos moments, et j’espère que toi aussi. Je crois que toi aussi.
Et je sais à quel point tu m’es devenu important.
Attentif, patient avec mes sautes d’humeur, mes cafards et mes peurs,
aimant, rassurant, généreux…
Mais ce minuscule caillou dans nos chaussures, qui
gène un peu la marche. Oh ! Mais pas trop. Très peu même. On avance
quand même… Sans enlever la chaussure.
J’aimerais retrouver dans nos yeux ce léger scintillement complice… Cette pupille un peu agrandie… J’aimerais
retrouver nos jeux de mains, jeux de vilains… J’aimerais retrouver nos
cœurs de Maître et de Soumise qui palpitent avant l’épreuve et le
plaisir…
Je sais. C’est difficile peut-être. C’est du taf
mental… Poser le vieux jean et enfiler le noir, le vinyle et le cuir…
(Bon, surtout l’été… Fait chaud !).
J’ai bien quelques idées, pour s'obliger à rompre le confort. Comme quand on n’a pas envie d’aller courir… et qu’on y va quand même !
Et surtout, ne pas s’empêcher de ré-enfiler le vieux jean. Parce qu’il est indispensable dans la garde-robe…"
On en parle un peu de ce mail... On décide de prendre des vacances relax et coquines, de repartir au Cap...
On a envie de légèreté.
Il y a trois semaines la nouvelle tombe : sa femme est atteinte d'un cancer. Elle a réussi... Elle s'est brouillée avec tout le monde y compris sa propre famille, elle n'a plus que lui... Elle le tient dans sa toile d'araignée de culpabilité, de chantage, de malaise... She's a poisonous Black Widow...
Il y va comme un bon petit soldat, pour elle, dit-il, et surtout pour leur fille (21 ans, un peu paumée, se cherche de petits boulots en petits boulots...). Il y va et suspend notre relation, me l'écrit, ne veut pas que je vive ça, veut me protéger, veut rencontrer des gens avec lesquels il parlera d'autre chose, m'écarte... Et se fabrique une fiche sur un site libertin, où il va régulièrement... Je le vois (sixième sens, j'ai pas cherché longtemps...). Peut-être que ce soir, "il parle d'autre chose...". Sauf que cette fiche date de 2011 et se termine par ces mots : "P.S: Je recherche également une charmante complice pour relation suivie". Il a toujours menti, par le passé (il me l'a dit) et aujourd'hui...
Et moi, je suis triste, jalouse sans doute (une saloperie la jalousie), je me rends compte qu'on a toujours été trois dans cette histoire, dans sa propre histoire plus complexe et tortueuse qu'il ne veut bien l'admettre... Est-il de ces hommes (nombreux semble-t-il??? J'ai pas de stats!) qui, lorsque la relation s'installe perdent le désir ? Ai-je tant vieilli en quatre ans ? Non, ça, je ne crois pas... Mais on est si prompte à se sentir déstabilisée...
CA ME FAIT CHIER!
Bon. Voila. Je ne sais pas que rajouter.
Je pars demain, seule, rejoindre une amie en Ardèche, puis, je file chez ma chère et tendre Lo revoir l'Océan.
Je suis fatiguée de cette histoire. Et pourtant je tiens à lui. Tout cela est d'un banal...Putain! On devait partir aujourd'hui en vacances...
Un tendre baiser à toi l'amie !
RépondreSupprimerLe mot juste est difficile à trouver. D'ailleurs existe t'il ?
Parfois, je trouve que c'est un peu minable d'être un homme.
Après l'Ardèche et la famille, retour au Bain des Dames.
CdE
Cher, cher CdE! Merci de ce mot. Et à tout bientôt au bord de notre Grande Bleue à nous...
SupprimerJe t'embrasse fort.
Marie.
Le courage, la lucidité, la douceur, la constance à vous-même, voilà ce que l'on sent et entend de vous au long de ces années ici. Ce sont les choses dont on ne se dépare pas et qui font une belle vie. Le talent est en plus.
RépondreSupprimerMerci de vos mots, Mars... Merci beaucoup!
SupprimerJ'ai l'impression que tu as fait tout ton possible, et de belle façon comme ce mail par exemple... L'histoire est banale peut-être, mais toi tu ne l'es pas.
RépondreSupprimerChristophe, depuis les débuts de ce blog, tu es là... Et j'aime bien le savoir... Merci et bises à Miss A. en liberté...!
SupprimerJe trouve pas mal d'échos à mes histoires... Vous souhaite de beaux rebonds...
RépondreSupprimerPour l'instant, je rebondis en béquilles... Mais ça va pas durer éternellement! J'aime toujours vous lire...
SupprimerQuel jolie main vous lui avez tendue, à travers votre email ! Oui, certains hommes ...
RépondreSupprimerMerci de ce commentaire et bienvenue ici Bourgeon. Fait chaud chez vous! :) Revenez quand vous voulez!
Supprimerje découvre votre blog sur ce billet. Poignant votre récit, vraiment poignant. Il me tarde de lire le reste. Prenez soin de vous madame.
RépondreSupprimerQuel joli blog, et quel beau texte ! Je file decouvrir le reste.
RépondreSupprimer