dimanche 7 août 2016

L'anglais.

Tu m'as dit" tu veux venir chez moi ?" Et je t'ai suivi.
Femme libre, toujours tu chériras la mer. 
Tu m'as dit "tu as de jolis pieds" et aussi "tu as de beaux seins".
Tu m'as dit tant de choses et je t'en ai dit tant aussi. 
Tu m'as parlé de ta maison sur l'île, au bord de la mer. La maison de vacances de ton enfance. Une petite maison toute simple, il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau. 
Je l'ai imaginée en bois blanchi, avec une grande terrasse couverte, qui donne l'ombre, deux rocking-chairs qui regardent la Méditerranée. Bleu et blanc, sel et peau, chaleur et sable... 
Je l'ai imaginée avec un vaisselier remplie d'assiettes dépareillées, de saladiers dans lesquels on met les tomates et les poivrons, un barbecue pour griller le poisson, un petit garde-manger grillagé pour garder le fromage à l'abri des mouches, des melons et du vin jeune et blanc. 
Je l'ai imaginée la nuit, le bruit calme et léger du ressac et la profondeur du ciel. 
Le matin,  un petit triporteur conduit par un vieux type à la peau lisse et ridée, chargé d'une montagne de tomates, pétarade dans la rue, ça te réveille et tu te rendors. 
La maison n'est sans doute pas en bois, mais elle est blanchie à la chaux et les volets sont bleus. Je crois. 
Plus tard, tu te lèves, tu as mis ton sarong qui cache les lourds bijoux de ton sexe, tu fais un café et tu manges du pain un peu rassis de la veille. La maison est silencieuse. Ils dorment. Doucement, elle sort de votre chambre. Vous avez fait l'amour. Ses yeux sont encore flous. Plus tard encore, les enfants bondissent, ils ont faim. C'est le matin. "Daddy, Daddy, Daddy...". Qu'allez-vous faire aujourd'hui ? 
Tu es là-bas et je suis ici. Je me souviens. Ton désir a fait ouvrir ma bouche, pleurer mon sexe, bander mes seins. Mon désir a fait dresser ta queue, serrer mes jambes, jaillir ton râle et le mien. 
Et nos mots. Nos mots, nos mots sans fin. Tu m'as dit: " tu es pire que moi!". La même façon de raconter nos histoires en prenant tous les détours qui mènent à Rome. 
Regarder les étoiles allongés sur la chaise longue de ta terrasse. 
Chez moi, je ne vois jamais les étoiles. Il ne fait jamais nuit. Je vois le ventre blanc des goélands, éclairs de vols. 

4 commentaires:

  1. Tous les détours mennent à Rome ... Joli texte !

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  2. C'est beau comme la barbe grise du marin aux cordes violettes sans semelle.

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    1. Ce que c'est mystérieux parfois ce que tu écris, chère MarieO! Mais ce que c'est beau!

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