Tu m'as dit "il va falloir faire quelque chose de cet appartement."
Je
viens d'en terminer la transformation. Je suis assez contente du
résultat et fière d'y être parvenue. Ca m'a demandé du travail, de
l'argent, de la confiance. Ce grand mur bleu, cette deuxième chambre,
celle-là même que j'ai voulu pendant 9 ans, cette salle de bain enfin
terminée, ce sol plus clean, ce grand tapis de corde qui cache la misère
du plancher dévasté par l'eau et jamais réparé. Quelques plinthes sur
les bas de murs que tu as abattus mais jamais terminés. Cette maison
jamais finie. Elle est juste un peu plus finie. Oui. Cet appartement t'appartient autant qu'à moi et je te dois d'y vivre. C'est un luxe t'ai-je dit. C'est vrai, c'est un luxe. Le coût de revient de cet espace est tel que seule, je ne saurais le supporter.
J'y vis au milieu de nous, de notre décor, de tes affaires.
Tu es parti sans partir vraiment. Est-ce grave de ne pas tout rompre ? Est-ce grave de garder deux pieds dans deux sabots? Je ne sais pas comment tu vis, quelle est ta place chez elle.
Reproductions. Reproduisons-nous le couple de mes parents, toujours si proches après 30 ans de séparation? Reproduis-tu le couple de ta mère et de celui qui n'a finalement que très peu partagé sa vie pendant si longtemps, ta brosse à dent prête à prendre la fuite? Ni tout à fait l'un, ni tout à fait l'autre sans doute...
Je comprends bien que tu aies besoin de penser à un lieu pour toi. "A room of one's own", c'est le titre d'un roman de Virginia Woolf.
Depuis ton départ, je vis comme l'oiseau sur la branche. Cet appartement nous appartient à tous les deux, toutes tes affaires y sont encore, de tes dessins d'étudiant aux souvenirs de ton père, de tes bouquins à tes disques, de tes meubles de famille aux photos de l'enfance, jusqu'à tes chaussures et tes vieux t-shirts.
C'est drôle. Au début, c'était comme si rien ne s'était passé, comme si tu allais rentrer le week-end prochain, comme d'habitude quoi... Je suis passée par différentes phases, accablement, agacement, amusement, et puis, je m'y suis faite.
Je me suis demandé très souvent non pas si, mais quand nous allions aborder la question.
Quels que seraient tes projets, t'installer en couple dans un nouvel endroit, partir sur ton bateau, ou, comme tu l'as évoqué, avoir un lieu à toi, je savais que ça viendrait.
Vois-tu, depuis 4 ans, je vis des temps intranquilles, des temps de précarité, des temps de tentatives avortées, de désillusions, de peur de l'avenir, de peur de la vieillesse (d'une vieillesse chiche qui plus est...) et de la solitude.
Changer de maison, ça voudra dire aussi la fin de cet entre-deux entre nous deux, qui finalement me convient bien... Gardienne du temple un peu tu vois, de cet appartement familial, de ce lieu où comme dans la salle d'attente de la gare de Nantes, j'attends le retour du printemps...
Il entend tout ce que tu nous dis là ? Le sait il ?
RépondreSupprimerJe t embrasse
Oui. Il le sait. Merci d'être là. Je t'embrasse aussi.
Supprimerje suis toujours là. même silencieuse ;) je ne pars pas comme ça.
Supprimerun vrai tas de glu :p
tes mots me touchent et me parlent...
rien à voir mais ce titre me fait penser à intranquillité de Christine and the queens. Allez un petit lien et la chanson qui commence à 3'30 ( mais tu peux regarder avant ^_^) . une belle énergie .... ( en tout cas dans la fosse, moi elle me rend totalement hystérique)
https://youtu.be/8TFQFNG5Ms4
Les traces visibles des gens qui sont passés durablement dans notre vie ont à la fois quelque chose d'étrange et de familier. L'entre-deux peut avoir quelque chose d'agréable. Ce ne sont que les objets et les souvenirs qui sont figés, pas toi ! Toi tu es vivante, tu es en mouvement. ;)
RépondreSupprimerEntre crainte de voir disparaître les traces du passé et celle d'un avenir incertain...
RépondreSupprimerTa maison t'offre un répit et un havre de paix. Une pause. Le plus important c'est que tu y sois bien pour y recevoir ami(e)s et amant(e)s de la nouvelle vie.
Bises
Tes mots essentiels me prennent au cœur et aux tripes. Lumière, parfums, couleurs : nos vies en quelques sensations intenses se résument, comme au creuset se purifie le métal. Et les cendres.
RépondreSupprimerNos moments fragiles
Et nos domiciles
Laissent sur nos cœurs
Des bouquets d'odeurs
Ennivres par eux
Nous avons aimé
Joui, ri, respiré
Espéré a deux
Seul je me souviens
Du creux de ta main
Posé sur ma peau.
Tu es partie tot!