Elle est très jolie. Je le savais déjà. Elle est élégante. Tout le temps. Malgré la chaleur. Peut-être à cause de la chaleur. Ne pas laisser aller. Elle n'est pas très grande, mince et gracieuse et coloriée de robes bleues, de sarouels verts, de jupes longues et rouges, de boucles d'oreilles et de sandales... Ses armoires sont pleines de trésors ramenés d'un peu partout. Elle m'a nippée.
Elle a voyagé. Beaucoup. Souvent. Il y a longtemps qu'elle est partie. Probablement définitivement. Mais avant cela, bien avant, elle partait déjà. Vers l'Est toujours. Son passeport est couvert de tampons, de visas, d'autorisations multicolores écrits en mille caractères inconnus. Chaque page en est pleine. D'ailleurs, elle a failli ne plus avoir de passeport, car il n'y avait plus de place. Notre administration, dans sa grande mansuétude, lui en a accordé un "grand voyageur". 60 pages à remplir... D'ici 2019, je crois qu'elle va y arriver...
Elle est solitaire aussi. Il y a quelque chose là, pas loin, d'irrésistiblement solitaire. C'est une terrestre qui m'évoque un marin. Elle a posé son sac mais peut-être qu'un jour elle repartira.
Elle est bavarde, généreuse, ouverte au monde et n'a aucun sens de l'orientation. Les choses lui échappent.
C'est sans doute pour ça qu'elle ne va pas sur la mer. Mais dessous.
Elle écrit. Tout le temps, partout, d'immenses cahiers de voyages, des histoires pour les enfants, des nouvelles d'elle et des autres, un très beau livre, un autre en projet. Elle peut plonger des mois dans l'écriture, sans lever le nez, assise n'importe comment sur ses coussins, juste manger un peu et dormir. Elle plonge. C'est pareil, plonger et écrire. Etre là et être ailleurs. Dans une bulle d'oxygène vitale.
Elle a des souvenirs entassés dans des caisses. Des souvenirs entassés dans sa mémoire trop vive.
Elle aime. Elle a aimé. Beaucoup. Un jour, elle est partie. Toujours.
Elle s'est battue. Elle ne lâche pas. L'écriture et le reste aussi.
Quand j'étais petite, ma grand-mère disait "C'est un drôle de pistolet!", parlant d'une personne qui ne faisait rien comme tout le monde, qui était un peu marginale ou tout simplement surprenante...
Cette fille, c'est un drôle de pistolet. Parce que survivre deux mois seule en Chine, dans tout la Chine, avec un sac à dos, sans parler chinois et en confondant sa gauche et sa droite, je ne vois aucune autre explication...
une inspirante.
RépondreSupprimerBelle plume pour ce drôle de pistolet ! Mais n'es-tu pas toi-même un drôle de pistolet ? d:-)
RépondreSupprimerUne belle femme ! Mais toi aussi.
RépondreSupprimerMerci à vous trois, Mars, Christophe et CdE...
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