En me promenant avant-hier, je m'amusais à faire mentalement le calcul de ce que je portais sur le dos... je trouvais que ça faisait cher.
En commençant par le bas, je remonte :
Une paire de bottines. Achetées soldées 135 €, valeur affichée 350 €.
Un jean's de marque, valeur vénale il y a deux ans 120 €.
Un pull à 3 sous, acheté sur un marché il y a longtemps.
Une veste en cuir Agnès B. Pièce maîtresse de ma collection de fringues, ce petit blouson en agneau plongé (je me demande bien dans quoi on a fait plonger cette pauvre bête qui lui donne une si belle peau...) est mon dernier achat déraisonnable antes la fin de mon contrat. Acheté soldé 400 €, valeur affichée 850 €.
Un manteau acheté soldé il y a 3 ans, 400 €, valeur affichée 800 €.
J'ai aussi bien sûr une culotte (je n'en porte pas toujours... mais ne nous égarons pas), un soutien gorge, des chaussettes, des gants, une écharpe ... Ca ne compte pas et mon propos n'est pas là...
A l'état neuf et non soldé, le principal de ce que je porte vaudrait environ 2120 €. Si je vends tout ça sur Ebay, en admettant que quelqu'un en veuille, j'en tirerai, grâce à Agnès B, une centaine d'Euros tout au plus... En fait, ça ne vaut plus rien.
La batterie de mon Iphone 3GS, (deux ans et demi d'âge, valeur 500 €, acheté en juin 2010) après le vol du premier, est en rade.
Suis allé sur des forums "changer la batterie d'un Iphone"... La première greffe cardiaque du professeur Barnard en 1967 fut une promenade de santé à côté de l'opération qui consiste à délicatement ventouser la batterie de Monsieur Jobs... Tu jettes donc ton téléphone intelligent et l'opérateur t'en fournit obligeamment un neuf. Un 5 si possible, comme ça tu changes aussi toutes tes connexions, fils, casques, etc...
Je me suis dis avant-hier en me baladant que je ne savais plus la valeur des choses... La valeur de mon travail. Je suis très bonne dans ma spécialité et j'ai même connu quelques heures de gloire... Quand j'avais 35/40 ans... Jusqu'à 45 ans à peu près, je valais. Tout d'un coup, à l'aune d'un accident de parcours professionnel, à la cinquantaine, je ne vaux plus rien... C'est curieux non ?
Je crois que je suis suffisamment active et vive pour finir par retrouver une activité professionnelle. Mais je ne retrouverai jamais le salaire que j'avais. Et qui me permettait de me payer des Iphone à 500 balles et des vestes en agneau plongé sans sourciller. Mon "train de vie" a déjà, depuis un an, diminué de moitié.
Je me pose de façon philosophique et réelle la question de la décroissance. De ma propre décroissance, en tâchant de ne pas y voir une quelconque déchéance mais plutôt une autre façon de vivre. Quelque chose d'optimiste. Quelque chose de joyeux. Quelque chose qui va m'aider à changer aussi dedans... Tu le vois là, le léger halo autour de ma tête, l'auréole qui commence à me pousser ?
Juste vivre autrement, se dire que c'est bien, que ce n'est pas une très dure contrainte imposée par cette
putain de société en crise... Et mes ailes? Tu les vois pousser mes ailes?
Alors, quand vraiment je pète un câble parce que je reçois le énième refus poli ( Chère Madame, vous êtes si formidable, mais...) à un énième CV envoyé en me disant d'une toute petite voix "
on sait jamais...", je me dis que,
pour l'instant et tant que ça dure , il n'y a qu'une consolation à l'attente du printemps : une bonne baise, car ça, ça coûte rien et ça vaut tout...