samedi 31 mars 2012

Attachée (1)



Je t'ai tendu mes bras, mes mains. Offrande. Tu les as lié, avec des gestes précis et rapides. Tu as lié mes chevilles. Mon corps fait un X d'un mètre cinquante cinq. Je suis attachée. Je ne peux plus bouger. Mon coeur bat fort. Je ferme les yeux. J'attends. J'attends le premier coup de ta main qui s'abat sur mon cul. Le premier coup trop dur. Je sursaute. Ca fait mal. Je suis surprise toujours de te laisser me joindre et me disjoindre. Rejoindre mon intime conviction. T'approcher si près de mes vertiges. Une deuxième fois. Une troisième. Encore une. Après, je ne compte plus. Le cuir. Je sens mes fesses, mes cuisses, mes reins, mon dos... Brûlure de ma peau. Tu me retournes. Attachée, face à toi. Je croise ton regard vert. Tu souris. Tu me pinces les seins. Tu les claques. Tu me claques. Tu approches ton visage tout près, si près de mes yeux, de ma bouche.  Tu ne souris plus. Ta bouche frôle la mienne, tes lèvres appuient sur les miennes, ta langue cherche la mienne. Je te la donne. Ta main descend le long de mon ventre, entre mes cuisses. Je ne peux rien te cacher... Ton sexe dur me caresse, joue sur mes hanches, mon pubis. Tu te presses contre moi. Tu me presses. Tu m'extirpes de moi-même. Je n'ai plus de pensée. Sensations. Chaleur, attente, souffle, douleur et joie de cette douleur. Plaisir étrange, fascination de moi-même. Attente. Aller plus haut. Les lanières de cuir s'enroulent sur mes flancs, sur l'intérieur de mes cuisses, si tendre. Je rougis de laisser ouverte la porte de mon être le plus enfoui. Tu es le seul à y être entré.
Jouer sa peau. Jeu de confiance, jeu de bascule, jeu de montagnes russes. Souffle coupé.
Tu me détaches. Je m'agenouille. Je te prends dans ma bouche, je te regarde dans les yeux. Tu saisis mes cheveux, tu les lies dans ta main, doucement, fermement. Tu me tiens. Tu baises ma bouche. Je suis en nage. Je suis trempée. Sexe béant qui t'attend. Mes seins me font mal d'être tendus. Mon ventre palpite, palpite, je sens mon coeur dans mon sexe. Ma peau est rouge. Elle irradie toute ma conscience. Ma main me fouille. Je te réclame. Baise moi. Baise moi maintenant. Baise moi tout de suite. Tu n'es pas pressé. Je sens sous ma langue le goût délicieux de tes larmes de plaisir, salées, onctueuses. Tu te retires de ma bouche. Ta main qui tient mes cheveux me guide vers la position qui te sied. A genoux, cul offert. Position de prière. J'implore le plaisir. Le cuir reprend son ballet sur mon cul. Tu te penches. Ton sexe cherche le mien. Tu t'engouffres. Je suis pleine de toi, de ta présence, de ton souffle. Tes cuisses nerveuses heurtent les miennes. Tu es au fond. Tu ressors. Tu t'engouffres à nouveau. Mon ventre t'accueille, heureux.Je monte encore encore encore le long de l'échelle de soie. Muscles tendus. Je suis en haut, tout en haut. Je prends mon élan. Je plonge, souffle coupé. Les spasmes de mon plaisir t'enserrent. L'oxygène revient. Je crie. Toi aussi.



Descente des hauteurs. Luxe voluptueux du plaisir accompli. Douceur. Les lions vont étancher leur soif à la rivière du robinet municipal...

lundi 26 mars 2012

Ode à Marseille...

Ce week-end , on a changé d'heure. Je déteste changer d'heure. Surtout l'heure d'hiver... Ce dur noircissement du temps et des jours. J'aime l'heure d'été, les jours qui rallongent, leurs promesses de soleil, de chaleur, de langueurs, de lumière qui s'étire sur les murs de la maison, les couchers de soleil qui finissent dans des embrasements de la mer, là-bas sur l'Estaque. Les bateaux pour la Corse dont j'aperçois les cheminées fumantes entre les faitages de la ville. Mais je n'aime pas changer d'heure. Ma petite biologie s'en plaint et dort mal quelques jours. Mon côté paysan sans doute...
Aujourd'hui, les plages étaient pleines de maillots de bain, d'enfants s'éclaboussant dans l'eau, de quelques nageurs intrépides. La mer était, comme toujours sur la Corniche, transparente, moirée, bleu turquoise, les fonds rocheux se détachant avec acuité sur le sable grège... J'habite une des plus belle ville du monde, pour ce que je connais du monde. Bruyante, sale, mal élevée, criarde, poisseuse, trop chaude, trop froide, mais magnifique, ouverte, riante, créative, sévère aussi, chiante, mal gouvernée, népotisme et gros bonnets, mafia syndicale et argent sale...  mais si belle au détour de l'Abbaye Saint-Victor, le Vieux-Port vu du Pharo, les Calanques, les Iles du Frioul au loin... Je ne m'en lasse jamais. Jamais.
J'ai voyagé et habité plusieurs endroits. La Guadeloupe, Paris, Nice, Liverpool, Edimbourg, Lille, New York, Washington... Bordeaux fut ma dernière étape il y a six ans entre deux tranches de Marseille...  Si je n'ai pas détesté cette très belle ville classique, j'ai souvent comparé les deux villes.Et j'ai songé que si je devais les personnifier, je dirais que Bordeaux c'est Catherine Deneuve, beauté "froide" (même s'il semble que la personne Catherine Deneuve ne le soit pas!), classique, mesurée, magnifique certes, mais intimidante, aux traits réguliers et à l'expression calme... Marseille c'est Victoria Abril, délicieuse, vivante, bouillonnante, voire hystérique, sexy en diable, avec un accent à se damner et des yeux pétillants, capable de tous les sentiments, allant du rire au drame, des soirées alcoolisées à l'intimité d'un aveu sidérant.
Rien n'est doux ici, ni le climat, ni les habitants, ni la ville. Ce n'est pas Plus Belle la Vie. Quand le Mistral balaie la ville, le froid glacial et l'impeccable bleu du ciel lavé de ses scories, quand la pluie tombe en trombes célestes et que les rues débordent d'un trop-plein qui ne se contient plus. Laideur de certains quartiers trop vite poussés et négligés, éventration urbaine d'autoroutes qui dégueulent leur noirceur dans le centre ville, encombrements ubuesques. Splendeur des ses couleurs, rochers blancs aveuglants et pointus bleus, ocres du Fort Saint-Jean et de l'Abbaye Saint-Victor, peaux multicolores et boubous chamarrés, toutes les épices du monde rue d'Aubagne, marché africain, maghrébin, asiatique à Noailles et  rue Longue des Capucins, fruits, légumes, poissons, beignets, gâteaux et pains exotiques...
Il y a tant à dire et à écrire sur cette ville foutraque, héritière d'un si long passé. C'est ici que je vis et après toutes mes errances, j'aime quelquefois penser que c'est ici que je mourrai. (Heu... Rien de presse!).

mardi 20 mars 2012

A table!

J. fut cet amant magnifique. Celui des froufrous...  Entre ses bras, je me suis épanouie, révélée, il m'a rendu belle, sensuelle, volcanique... Epicurien, il prenait aussi un soin tout particulier à la confection de repas associant les bons vins et des mets raffinés, épicés, croustillants, onctueux... Il adorait les fruits de mer et je me souviens de ce jour où il est allé, gourmand, de ma chatte aux huîtres, à ma chatte encore, vorace et insatiable...

On peut quelquefois lire à ce sujet des descriptions érotiques de petites gâteries faites de fruits, de confiture, ou de Nutella tartinés et léchés sur des endroits judicieux, on peut voir des photos, mais je ne parle pas de cela. Je parle de cette connivence subtile qui existe entre les sens, tous les sens...

J'ai eu la chance de croiser sur mon chemin une oenologue généreuse qui m'a invitée quelquefois à sa table. J'y ai goûté des vins exceptionnels. Elle avait l'art de faire des repas très simples, avec des ingrédients d'excellente qualité, goûteux, qui ne monopolisaient pas la parole, au contraire, qui aiguisaient le palais, la langue, le nez, les déliaient pour tout le plaisir de la découverte progressive de délicatesses insoupçonnées. Elle choisissait et carafait trois ou quatre grands crûs et maîtrisait avec talent l'enchaînement du repas.
J'en sortais avec une irrésistible envie de faire l'amour, de fermer les yeux et de sentir sous mes doigts le velouté d'une peau, la pulpe d'une chair, l'élasticité d'un sexe, le goût d'une bouche, de sentir les parfums d'un corps, de mettre mon nez dans ses plis et replis, d'y retrouver ces fragrances salées, poivrées, douces, suaves, âpres, acidulées, secrètes...

Je voudrais vous parler d'un petit roman, publié en 2008 et passé un peu inaperçu. Cela s'appelle "A table!" et a été écrit par Tiffany Tavernier (la fille de Bertrand), qui a de qui tenir et a un réel talent.
Quatrième de couv :
"Marie rencontre Eli, un jour banal dans un lieu banal. Plus elle l'aime, plus elle s'enfonce là où le sexe et l'attente règnent en maîtres : chair archaïque, jouissance. Cela pourrait en rester là, mais dans cette obsession-peau, Marie décide de tuer son amant. En cinq repas. La nuit venue, dans sa cuisine, elle plonge ses mains dans les beurres et les pâtes. Face à la somptuosité des mets, Eli est dérouté : est-ce le goût de cette farce sublime qui rend soudain Marie plus attirante ? Ou cette façon bien à elle de l'amener plus loin qu'il n'étaient jamais allés ensemble ? Jeux de la bouche et de la mort : Marie ira-t-elle jusqu'au bout ? Dans ce récit mené au fil du couteau, Tiffany Tavernier lève un pan de l'imaginaire féminin qu'on n'a jamais fini de découvrir, entre l'attirance et l'effroi. L'écriture est à l'image de l'ogresse qui se révèle ici à travers la cuisine : concise et crue."
En 140 pages qui se lisent d'une traite, Eros et Thanatos jouent une partition jouissive et jubilatoire. J'ai adoré lire ce bouquin, noir, dérangeant, sulfureux coup de coeur. Tiffany Tavernier rassasie, et de loin, nos appétits de belle littérature érotique intelligente… Et la description de la préparation des repas ravira les gourmets.
Le livre est chroniqué ici et , ailleurs aussi, et son auteure en parle sur Youtube.  Mais plutôt que de lire ces notes, je vous recommande de vous le procurer. Il n'est plus en librairie, mais vos sites ouèbe préférés vous le procureront sans mal. Ou mieux, histoire de soutenir une profession mal en point, commandez-le chez votre libraire!
C'est publié au Seuil et ça coûte 14,50€ ce qui n'est pas cher payé pour un plaisir que vous pourrez accompagner d'une bonne bouteille... 


dimanche 18 mars 2012

La fin du synopsis.

Parfois, un blog, c'est incroyablement thérapeutique...
D'abord, c'est bon pour le moral. Je constate que depuis que j'ai ouvert celui-ci, j'aime écrire, j'aime être lue, j'aime lire les autres. J'aime ces liens ténus qui se nouent dans cet espace virtuel d'échanges pas si virtuels que ça. Je trouve que ce sont de vrais échanges, avec des inconnu(e)s, certes, mais des complicités, des sourires ou des gravités. C'est un drôle de truc que certain(e)s qui me liront connaissent bien déjà. Pour moi, c'est très neuf. Quelques mois à peine. J'avais bien sûr déjà lu des blogs, politiques, d'humeurs, ou rattachés à un thème professionnel.  Je suis également sur le grand méchant Fb où, si j'ai une centaine d'"amis", je ne côtoie pratiquement que des gens que je connais dans la vraie vie, proches ou lointains (c'est dire si ce que j'y écris est anodin...). Mais des blogs très intimes, des écritures fortes parfois, des moments érotiques, des partages singuliers de situations personnelles complexes qui raisonnent étroitement avec ce que je vis... Ca, non, je ne connaissais pas. J'ai maintenant dans mes favoris toute une liste de blogs qui m'entraînent à leurs tours vers d'autres lectures délicieuses et vivantes... Il y a sur le web des petites perles qui ne sont pas si rares pour peu que l'on y soit attentif.
Amis bloggeurs et lecteurs de blogs, c'était le moment "caresses dans le sens du pwal"...
Passons aux choses sérieuses : mon synopsis. 
 
Je traîne cette histoire  depuis plus de trois ans. Je traîne dans cette histoire. On dit parfois "cela me poursuit". En fait non, c'est moi qui la poursuit, toute seule comme une grande. Je l'évoque à plusieurs reprises dans mes notes, au début déjà,  ici et puis , et encore . Dans cette note, encore dans celle-ci... Je vous laisse deviner, futés comme vous l'êtes et si vous me lisez, lequel il est parmi ces hommes. C'est facile. Enfin, juste avant mon synopsis, il est là. 

Ecrire et ré-écrire sur cet homme, sur cette histoire, m'a obligée à plonger les mains au vif du cambouis.

Pourquoi donc me suis-je accrochée ainsi ? Pourquoi, comment ai-je pu me complaire, me vautrer, me rouler dans ce qui ne sera pas ? Passer des heures à supputer, à soupirer, à écrire, à parler avec mon amie L., à la submerger de mes réflexions, de mes espoirs, de ma complainte. Merci à toi, je sais que tu me lis.

D'abord parce que ça a commencé comme un soleil. Qui s'est vite voilé, mais quand on a connu le soleil, on n'a de cesse de vouloir retrouver sa chaleur.

Parce que je suis toujours tombée amoureuse de mecs impossibles, impossibles à atteindre, impossibles à vivre, impossibles...
Des artistes souvent, metteur en scène, poète, écrivain, comédien, fascination intellectuelle, des étrangers, fascination pour l'ailleurs, de grands professionnels, fascination pour le stratège, le chef de meute. Je m'ennuie vite. J'ai besoin d'admirer. Qu'un homme que j'admire pour de bonnes ou de mauvaises raisons me trouve intéressante, et de plus me baise (heu... un peu dans tous les sens du terme...), me valorise souvent au-delà du raisonnable. Narcissisme.
Celui-là réunit plusieurs de mes critères enfouis. Mazette! Je suis tombée à la renverse, cul par-dessus tête quoi!

Parce que on veut toujours ce que l'on ne peut surtout pas avoir.
Parce que c'en est un qui se dérobe. Qui disparait. Qui s'évanouit. Il a été goujat, mais à l'inverse, il ne m'a rien promis.
Parce que comme je l'écris ailleurs, je crois que notre connivence est réelle - et ça, c'est très trompeur-  mais qu'il ne veut pas de moi dans sa vie pleine comme un oeuf.
Parce que c'est moi qui lui court après et que franchement, ça me rend carrément banale.
Parce que je ne peux pas vivre sans me raconter des histoires. Je ne suis pas la seule, hein! Mais quelquefois, chez moi, ça a pu aller assez loin... Je vous raconterai peut-être un jour certaines de mes frasques...
Parce que... Parce que c'est comme ça, et pas autrement.
Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.
Sans doute espérais-je secrètement que cela m'arrive de nouveau, car sans doute est-ce ainsi que je me sens vivante... Je ne manquerai pas de vous tenir au courant !

C'est là où la thérapeutique, voire, au risque de paraître pédante, la maïeutique de l'écriture publique et anonyme joue à plein, en tous les cas ici pour moi. Je suis en train d'accoucher d'une nouvelle phase, du moins je l'espère. Une phase moins romanesque, moins bovarienne. C'est épuisant le bovarysme et en général, ça finit mal!
Bien sûr, j'aimerais assez qu'il me rappelle, car ça m'agace cette fin en quenouille. Comme je l'évoque en fin de note sur mon synopsis, j'aimerais juste que ça tourne à l'amitié avec un soupçon de cul parce que j'aime faire l'amour avec lui. J'ai aujourd'hui deux ou trois très belles relations avec d'ex grands amours et ça vaut vraiment le coup ! (If I may say so...). Mais je suis assez tranquille, pour me dire que ailleurs, dans ce que je vis et dans ce qui sera, il y a des conjonctures d'étoiles qui ne sont pas si mauvaises et que je commence à passer mon chemin. Enfin!

En ce dimanche très gris et frais dans le sud, où l'hiver semble ne pas tout à fait céder le pas, je me sens finalement assez guillerette, voyez-vous... Le hic, c'est qu'il va falloir que je trouve d'autres sujets pour mon blog. Remarquez, 8 notes sur 41 publiées, ça fait environ 20%... Il va juste falloir que je trouve 20% de MG en plus... Ou que je m'allège d'autant.





mercredi 14 mars 2012

Jeu de mots...

Comme une langueur en ce début de printemps. Pourtant, les choses avancent, mais j'ai du mal à me mettre à ma tâche. J'ai des milliers de choses à faire. Mais je procrastine et me met toute seule en état de d'urgence et de légère panique. Parfois l'impression d'être là, plantée, fascinée par l'oeil du serpent qui va me manger toute crue. Valéry parle "de l'amertume d'être amer". Je fume trop. Le petit vélo tourne en roue libre. Mais Bon Dieu! Qu'est-ce qui me prend ? Allez ma fille. Secoue toi! Pète un coup et ça ira mieux! Ou alors, baise un coup... Ben justement... Il est où le bon coup ? Sérénité, au secours! Je me connais, ça va passer quand je serai acculée... Heu... Jeu de mots? D'ac... Jeu de mots.

samedi 10 mars 2012

Humeur...

En lien avec la note précédente... Rien de grave. Se souvenir des belles choses...


Tu vois ce convoi
Qui s'ébranle
Non tu vois pas
Tu n'es pas dans l'angle
Pas dans le triangle

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j'te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebâillée
Je te vois rêver
A des ébats qui me blessent
A des ébats qui ne cessent

Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d'auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe

Les vents de l'orgueil
Peu apaisés
Peu apaisés
Une poussière dans l'œil
Et le monde entier soudain se trouble

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j'te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebaîllée
Je te vois pleurer
Des romans-fleuves asséchés
Où jadis on nageait
...

mardi 6 mars 2012

Synopsis. Exercice à l'intention d'apprentis scénaristes.

 Personnages : un homme, une femme, chabadabada.

Soit une femme, née dans les dernières années du baby-boom.  

Carte d'identité (incomplète et revisitée...) :

- Vie familiale :
Vieux parents aimants et en forme.
Fille autonome, jolie, marrante, intelligente.
Couple légitime ancien qui tient la route. La perfection n'est pas de ce monde.

- Vie professionnelle : pleine et passionnante à certains égards. Chaotique. Frustrante parfois. Un peu compliquée en ce moment, mais ça occupe.

- Argent : jamais assez, comme tout le monde. Mais mieux que beaucoup. A une femme de ménage et  paie des impôts.

- Vie sociale et culturelle :
Quelques très solides amitiés, pas mal de potes. 
Tango, danse africaine, ciné, théâtre, musiques et concerts, et lecture, beaucoup de lecture. Cultivée.

- Voyages, vacances : vu du pays... Pas à se plaindre.

- Langues et ouverture sur le monde : bilingue anglais, espagnol de cuisine et à gauche toute.

- Mode de vie : bobo, forcément bobo. A un vélo, mange parfois bio, voire équitable, est pour le mariage homosexuel si ça leur fait plaisir et contre le nucléaire.

- Vie amoureuse et sexuelle : voir vie professionnelle. Pour plus de précisions se reporter au blog "La Sardine de Belsunce".

- Aspect physique : pas mal, quoique blonde. Pas de maladie, ni de tare connue.

Soit un homme, né dans les premières années du baby-boom.

Carte d'identité (lacunaire, ré-inventée, imaginée par bribes...) : 

- Vie familiale :
Orphelin de père et de mère.
Un fils adulte reconnu, peut-être une fille inconnue, et des enfants rêvés.
Couple légitime relativement récent qui tient la route. Travaillent ensemble intensément. 25 ans d'écart. La perfection n'est pas de ce monde.

- Vie professionnelle : pleine, agitée, passionnante, totalement absorbante, débordante.Chef de meute.

- Argent : beaucoup plus que beaucoup d'autres.

- Vie sociale et culturelle :
Quelques solides amitiés, quelques solides inimitiés, pas mal de potes, gros carnet d'adresses. 
Ciné, beaucoup d'images, et lecture, beaucoup de lecture. Le reste est inconnu.

- Voyages, vacances : globe-trotter et casanier. Ignore le mot vacances. S'ennuie au bout de deux jours.

- Langues et ouverture sur le monde  : voir item précédent. Historien. Ecrivain. Cultivé.

- Mode de vie : bobo, parisien, forcément bobo. Mange beaucoup au resto.

- Vie amoureuse et sexuelle : voir vie professionnelle. Plusieurs unions, beaucoup d'amantes, la tentation de quelques amants peut-être. Au moins une grande passion pour une très belle jeune femme qui fut une égérie. Libertin. Adore les femmes beaucoup plus jeunes. Pas encore le syndrome vieux beau, mais ça pourrait venir.

- Aspect physique : pas mal, quoique blond. Pas de maladie, ni de tare connue.

Synopsis   
Le synopsis suivant en est au stade, bien connu dans l'audiovisuel, du "développement". Mais comme souvent, il y a fort à parier que ce synopsis ne devienne pas un scénario et encore moins un film faute de producteurs qui y croient et d'un réalisateur qui s'en empare. Beaucoup d'appelés, peu d'élus. D'ailleurs, cette phase de développement dure depuis bien trop longtemps et les crédits qui lui ont été alloués par le CNC il y a trois ans et demi sont épuisés. Cette note d'intention (autre nom pour le synopsis) est sans doute beaucoup trop banale pour trouver preneur. A ce stade d'ébauche, on n'envisage pas la distribution... 


Internet. Ils se rencontrent. Pour baiser. Ils baisent. Très bien. Entente physique et affinités ailleurs. Humour et légèreté. Démarrage un peu en trombe. Pas de mensonge ni de promesse. Ils savent qu'ils ont leur autre vie. Parenthèse. Mais c'est chaud, c'est délicieux, c'est vivant. Mails et textos. Puis arrêt brutal et inexpliqué. Il disparait. Elle reste interdite. Première meurtrissure. Deux mois se passent. Elle envoie un texto. Elle lui arrache (déjà) un moment. Ils se revoient. Ils baisent. Beaucoup. Très bien. Il explique un peu ce qui s'est passé dans sa vie à lui. S'excuse un peu. Elle oublie, elle fond. Ca repart même s'il s'en va à l'autre bout du monde pour son travail. Trois ou quatre mois plus tard, à son retour, elle lui envoie un message très amoureux. Deuxième disparition, silence total. Deuxième meurtrissure. Le temps passe. Elle fait ça. Heure de gloire...
Elle le reverra six mois plus tard. La relation s'étire de loin en loin. Il n'y a presque plus de contact entre eux. Pas de coup de fil amical. Pas de nouvelles. Textos simples ou mails laconiques. C'est elle qui sollicite. "Je serai à Paris à telle date. Et toi? ".  Des moments épars toujours calibrés : une soirée, une nuit.  Pendant ces rares occasions, ils baisent. Très bien. Ils parlent. Beaucoup. Elle a toujours ce sentiment de connivence. De complicité. Mais à 8 h du matin, le carrosse se transforme en citrouille. Les mois s'écoulent.

Exercice :
Il conviendra de trouver une fin à cette histoire avec queue mais sans tête. De permettre à l'héroïne d'arrêter d'y penser avec la nostalgie des choses qui auraient pu être et qui ne seront pas. L'hypothèse de l'héroïne, modeste, mais semble-t-il encore un peu trop ambitieuse, serait de transformer l'essai en une relation amicale plus soutenue, plus attentive de sa part à lui, ambiguïté, légèreté et cul inclus si possible de temps en temps. Ne pas changer leurs vies. Ce sont ces silences interminables qui lui font mal, pas la nature de la relation, délicieuse lorsqu'elle est et qui se suffit ainsi.  Le héros, lui, s'en fout. La perfection n'est pas de ce monde.

 On réfléchira à l'aide de trois citations tirées d'auteurs connus et reprises sur des blogs amis :
Chez Tomas
"On désire toujours, par dessus tout, l'inaccessible avec avidité". Kundera.
On lira avec intérêt la note de CUI et sa conclusion.
"En amour, rien n’est jamais innocent. S’affectionner à un être, c’est dépendre de lui, c’est s’inquiéter pour lui, souffrir à cause de lui. Aimer, c’est prendre des risques, s’exposer, devenir vulnérable." 
Et enfin, on méditera sur Paul Léautaud, chez Melle H.
"L’amour, c’est le physique, c’est l’attrait charnel, c’est le plaisir reçu et donné, c’est la jouissance réciproque, c’est la réunion de deux êtres sexuellement faits l’un pour l’autre. Le reste, les hyperboles, les soupirs, les « élans de l’âme » sont des plaisanteries, des propos pour les niais, des rêveries de beaux esprits impuissants. […] L’amour, c’est le physique. Et La Rochefoucauld l’a oublié : l’amour est encore une forme de l’intérêt. Ce qu’on aime dans un autre, c’est soi, c’est son plaisir, c’est le plaisir qu’on lui donne et qui est encore une forme du nôtre."

samedi 3 mars 2012

La nuit, je ne mens pas....

Dans une note récente, "A night on earth", Tomas  évoque très joliment sa première nuit avec son amante.

J'ai eu envie de lui emboiter le pas, tant est fort le souvenir de quelques nuits partagées.

Sans doute parce que je ne sais pas ou que je sais mal partager ma nuit. Pour moi, le sommeil est égoïste. C'est un plaisir solitaire.

Même avec mes grands amours, j'ai toujours eu du mal à dormir. Certains ont été surpris, peut-être offusqués de ma fuite leste pour le canapé du salon ou la chambre d'amis à 3 heures du matin.
Je m'assoupissais dans leurs bras. Et puis une sorte de courant d'air régulier, chaud et froid, sur ma nuque ou mon épaule, le poids d'un bras en travers de mon ventre, une cuisse bloquant ma jambe, des poils insupportables me donnaient vite une sensation étrange d'emprisonnement. Claustrophobie.
Je me levais doucement, mais prestement pour vite aller respirer l'air qui me manquait, soulagée.

Même avec l'homme qui partage ma vie, tant de nuits souvent terminées, nomades, avec une couette et un oreiller, ailleurs dans la maison.
Ou alors, je me barricade en t-shirt, de l'autre côté du lit, loin, le plus loin possible, je tourne le dos, je dors loin.
Et toujours la revendication d'avoir ma chambre à moi, comme quand j'étais enfant. Pourquoi ne peut-on pas avoir sa chambre parce qu'on vit avec quelqu'un, parce que on "fait couple" ?
Je me sens envahie dans mon être par l'autre, par son innocence de dormeur apaisé.

Et pourtant, quand la nuit fut belle, je n'ai pas oublié.
Emerveillement. Compréhension intime de ce que veut dire dormir avec l'autre. Basculer au creux de ses bras, aimer son souffle sur ma peau, rythmer mon coeur sur le sien, sombrer, revenir à la conscience, fugacement, pour le chercher, chercher le contact de sa peau, se lover l'un contre l'autre, l'un dans l'autre, sombrer encore. Sensualité nue du sommeil partagé.
Au matin, premières caresses embrumées, premier désir comme une première fois. La peau a au réveil une douceur particulière, un ondoiement, une transparence, une évidence... Désir qui monte. Il me fait l'amour doucement, me prend tranquillement, au rond de moi, au creux de lui, accélère... La jouissance achève de nous réveiller. Sourires et baisers, jus d'orange, café et tartines, douche, gestes simples et banals, joyeux...
C'est peut-être cette première nuit, ce premier matin qui m'ont accrochée si fort. N'est-ce pas suffisant pour tomber amoureuse, un mail avec ces mots : "dormir avec toi est aussi très agréable"...?
Je ne l'ai jamais beaucoup vu cet homme là, et nos nuits ne devinrent pas une habitude. Mais je n'ai pas oublié cette première nuit.



J'ai, depuis, appris à aimer dormir avec un autre et mes nuits bleues me laissent parfois de douloureux délicieux souvenirs sur la peau...

Et puis sinon, j'aime bien Ioudgine d'une façon générale et en l'occurrence  cette chronique que je trouve savoureuse ...