jeudi 23 octobre 2014

Eaux troubles...

Samedi dernier, je vais dans une soirée privée BDSM... Ben voui. On se refait pas! J'y vais seule, je connais les hôtes, ça ne pose pas de problème.

La maison est dans un coin reculé d'une forêt domaniale de l'arrière pays. Ca sent la châtaigne et les champignons, les sangliers ne sont jamais loin...
Une grande maison bourgeoise, une superbe piscine.
Le donjon est en bas, très bien "équipé"... Tout y est ou presque de ce qui fait fantasmer sur cet univers.
Croix de Saint-André, sling, tables et sièges divers et variés dont je vous laisse deviner l'usage, liens, cordes, martinets, paddles, cages... Je renvoie le lecteur (la lectrice) non averti(e) à son petit guide "le BDSM pour les Nuls", bible de chevet bien sûr! (Evitez cependant Fifty shades of Grey, vous me feriez plaisir...).

Je sors de la mer, je suis toute salée, il fait si beau. C'est l'été indien. Douche rapide, je m'habille en noir, dress code oblige, mais sobrement. Veste en cuir sur débardeur, jupe courte de punkette, escarpins vertigineux, des bas noirs gainent mes jambes allongées (j'ai pris 12 cm, je vois la vie différemment!). Rien de très marqué. Je pourrais sortir en ville ainsi, n'était la jupe un peu trop courte.
Les codes de ce tout petit milieu sont très particuliers  Suis-je soumise sans collier ? Suis-je Maîtresse sans soumis? Je ne dis rien. Je suis Marie. Je sirote mon champagne sur la terrasse en regardant les gens arriver. Il y a de tout, un peu. Une très jeune fille, la petite vingtaine, minuscule et jolie, petite soumise éplorée, son "Maitre" est là avec une autre, un soumis hâbleur, parisien désenchanté, des couples de tous genres, de tous âges... Laids, gros, vieux, jeunes, banals ou plus intéressants. J'observe. Il y a entre 30 et 40 personnes.
Nous sommes deux femmes seules. Elle, une brune de la bonne cinquantaine, avenante, une Maîtresse s'affichant ainsi.
Elle me dit "Bonsoir Marie. Nous nous connaissons. Vous êtes seule ? J'ai connu votre ancien Maître. Peut-être vous rappelez-vous de moi, nous étions ensemble au dernier réveillon". Vague souvenir de l'avoir croisée en effet. Car M et moi avions passé le réveillon 2013 dans cet endroit hospitalier.
Evidemment, ça éveille ma curiosité... Eaux troubles.
Avant la fin de notre conversation, j'ai appris qu'elle avait été sa Maîtresse, dans les deux sens du terme, au moment que je croyais être un des endroits clé et importants de notre relation... Le moment où il a quitté sa femme et quand,  quelques semaines plus tard, il m'arrivait la même chose... Le moment où notre histoire est devenue ouverte, possible. Et ce n'est pas tant qu'il ait ces vraies tendances d'humiliation, de bi-sexualité honteuse et d'un certain masochisme qui me le rend étranger scandaleux. C'est le mensonge permanent, ses mensonges à moi, bien sûr, ses mensonges à elle (je suis exclusif, il n'y a personne d'autre, et hop! on baise sans capote!), ses mensonges à lui-même, ce ver de terre qui se tortille dans ses contradictions... On a fait copines toutes les deux, et ont germé quelques idées d'un retournement de situation. Mais ce sera pour plus tard....
Du coup, pleine d'une énergie insoupçonnée, je me suis retrouvée à fesser le blasé parisien avec un entrain qui m'en a fait mal aux mains. Le martinet ne fut pas plus tendre. Il a eu chaud au cul et il m'a dit merci... Défouloir.
Eaux troubles...
Et puis, lassée du parisien qui se prosterne à mes pieds, enlace mes chevilles, et m'empêche de marcher librement, c'est désagréable au bout d'un moment une haleine chaude sur le coup de pied, quand il a fini de lécher mes semelles (me concernant aucun intérêt érotique...), je le repousse et vais prendre l'air sur la terrasse pendant que le donjon s'anime de scènes diverses et variées... Bougies, fouets... La fête bat son plein.
J'entame une conversation qui va durer 24 heures avec un homme, très grand, massif, clair de peau, les yeux bleus délavés, sobrement vêtu d'une chemise et d'un pantalon noir. C'est un Maître, un homme de la terre,  arrivé par le hasard d'un déplacement familial sur ce bord de Méditerranée estival... Il m'explique. Il "pratique" depuis plus de 30 ans, BDSM old school, bien avant la mode, bien avant le porno chic, bien avant, quand c'était encore très secret, très mystérieux, très caché... On parle, on parle, on parle... Ma curiosité n'a pas de bornes. Il a des soumises, trois à la fois lui parait un bon équilibre, des couples soumis aussi... On prend la décision commune, spontanée,  de partager une chambre chez nos hôtes puisqu'il était prévu que nous y dormirions. C'est curieux. Je ne connaissais pas cet homme quelques heures auparavant. On ne fait pas l'amour. Il me touche. Il veut. Il cherche avec ses doigts à me faire jouir. A ce que je me rende. Je ne veux pas. Dans le secret de l'alcôve, il me met un collier, une laisse.  Le jeu dure... jusqu'au petit matin. Je le repousse. Je m'endors. Au réveil, on va faire un plongeon dans la piscine... On joue encore, on se séduit, mais je dis non, toujours. Je crois que je le déstabilise un peu. Il n'y a guère de rencontres spontanées dans son monde, surtout depuis Internet. "Un vrai Maître ne cherche pas, ne contacte pas. Il est contacté" me dit-il. Je le crois. Je le tutoie, l'appelle par son prénom (jamais au grand jamais un/e soumis/e ne tutoie un Maître...). Alors que dans mes jeux et mes aspirations, j'ai plutôt le profil de soumise, même si je joue aux deux. Switch! Et libertine qui plus est. Dans ce monde là, on ne baise pas, Monsieur, on ne baise pas. On prie...
On passe la journée ensemble, on va à la plage, puis on dîne à Saint-Raphaël... Il a une grosse moto et suit ma petite Clio anodine.C'est un homme agréable.
Je suis troublée par ce qu'il me raconte. Je ne suis pas sûre de relever ce défi là. C'est trop d'abnégation. Mais les plaisirs entrevus sont immenses. Je le sais pour avoir quelquefois touché les étoiles.
Drôle de week-end...
Eaux troubles...

dimanche 12 octobre 2014

Pleurer et faire l'amour

Ainsi donc, tout est consommé. Cette histoire est terminée, et de vilaine façon. L'homme est un goujat. Dont acte. Les hommes sont-ils tous lâches ? Et les femmes des coquettes ? Tant qu'on y est, les noirs sont de grands enfants et les chinois sont fourbes... Non. Bien sûr que non. Mais lui, oui.
Je l'ai pris en pleine gueule, stupeur et tremblement, mal au crâne et incompréhension, déception ultime.
Tout me revient, notre histoire et mon autre rupture. Voila. Ca y est. Pour la première fois depuis 30 ans je suis seule. Pas dans le cocon protecteur, destructeur, menteur, doux, apaisant, violent du couple.
Et je pleure. Et je ne pleure plus. Et je pleure. Et je ne dors plus. Et je dors. Et je me regarde dans la glace. Et je ne me regarde plus. Et j'ai peur. Et je n'ai plus peur...
Et je fais l'amour. Avec lui, si lointain et si proche. Avec l'autre, rencontré brièvement, que je vais retrouver. Avec un autre encore, si... Besoin de m'enfuir, besoin de m'enfouir, besoin de leurs peaux et de leur trouble et de leur plaisir.
Envie de dormir dans des draps partagés. Besoin de réveils avec deux cafés. Mais c'est prématuré.
Envie de revivre ces instants la. Mais c'est prématuré.
Qu'est-ce que tu voudrais vraiment ?  me dit cette amie. Tu veux un homme ou tu veux des hommes ? Ben je sais pas. Pour l'instant, ça sera des.