jeudi 25 avril 2013

La lessiveuse

Ma mère adorait Anne Sylvestre.
Elle aimait la Anne Sylvestre des Fabulettes, que j'écoutais en boucle, puis que ma fille a apprises par cœur, petites choses drôles et délicieuses auxquelles je souhaite encore une longue carrière pour l'éveil spirituel de nos bambins.
Et puis elle adorait la chanteuse auteure-compositrice de belles ballades  poétiques, féministes, mélancoliques ou marrantes, pour  les grands.
Et sur un 33 tours qui passait à la maison quand j'avais 5 ou 6 ans, et que j'ai ré-écouté bien plus tard, Anne chantait de sa voix douce-amère.
"Mon mari est parti un beau matin d'automne
Parti je ne sais où.
Je me rappelle bien la vendange était bonne
Et le vin était doux
Des messieurs sont venus m'apporter son costume
Il n'était pas râpé
Sans doute qu'en chemin il aura fait fortune
Et se sera nippé"...

Depuis qu'il est parti, cette chanson me revient souvent...
Depuis qu'il est parti, je suis incertaine. Incertaine de cette histoire si longue et si jolie à certains égards et si... ennuyeuse à d'autres endroits. Les anglais ont un mot qui pourrait caractériser ces moments là. C'est "dull". "Dull" c'est différent de "boring". "Dull" c'est l'ennui un peu gris. C'est comme "bland". Ça veut dire "sans goût" "bland"... Sans sel, sans piment. Fade. Notre relation était devenue dull and bland, no doubt.
Fade sans doute, mais aussi douce (trop), confortable (comme un vieux pyjama trop lavé), complice (comme deux vieux potes). Pas très surprenante. Et surtout pas bandante.
Et pourtant, je suis incertaine parce que ce n'est pas moi qui ai décidé de la rupture, de la séparation. Oh... J'aurais pu. Maintes fois. J'ai essayé. Souvent. Plus souvent qu'à mon tour. Il a pris son tour. Et c'est lui qui a lâché l'affaire.

Et moi, je suis dans une lessiveuse.
Secouée dans tous les sens.
Je suis fatiguée. Si fatiguée.
C'est curieux, je ne m'y fais pas. Dans la chanson, son mari est mort et elle chante doucement en attendant son retour...
Et moi j'ai juste l'impression que ce n'est pas vrai. Qu'il est parti comme chaque semaine depuis deux ou trois ans. Qu'il va revenir. Non?
Qu'on va repartir à la voile sur le petit bateau. Qu'on va aller à Rome. Et voir des expos. Et aller au ciné. Et prendre l'avion pour Valparaiso quand l'étudiante y sera l'an prochain....
Comme je dors mal, souvent au petit matin, le petit vélo démarre et je pleure en courant derrière.
Je crois que mon orgueil est blessé. Blessé en plusieurs endroits, par plusieurs quoi? Flèches? Couteaux? Coups de boule? Il y avait un spectacle de danse très beau et très violent à la fin des années 90 qui s'appelait "KO debout"...
Orgueil blessé de mon statut social actuel. Chômeuse c'est moyen, même si ça se porte beaucoup cette saison... Incertitude...
Orgueil blessé d'être la larguée et pas la largueuse. Que s'est-il passé? Inversement des rôles. Incertitude.
Orgueil blessé d'être celle qui reste sur le bas-côté et qui regarde passer la caravane.
J'ai toujours été juchée sur le chameau qui menait le troupeau. Ou du moins, c'est l'image que j'avais de moi-même. La favorite. Celle qui gagne à tous les coups. Je baffe le prochain qui me dira: "Non, mais toi, Marie, je me fais pas de souci. Tu vas rebondir". Les gens sont polis, gentiment convenus. J'en ai sûrement fait autant... Ou alors, tu croises untel au ciné ou au théâtre. "Ça va ? T'es où maintenant?"... L'autre soir au concert avec mon amie N (qui prend soin de moi),  pas une,  mais DEUX personnes: "Et comment va ton homme?"... Heureux parisiens qui vous noyez dans la foule. C'est petit ici!
Et ce printemps qui n'arrive pas... Incertitude.

J'aimerais bien sortir de la lessiveuse et passer en mode séchage. Mais pas dans l'air brûlant de la grande machine électrique qui tourne dans la vitrine de la laverie vide. Non. Un grand drap qui sèche dans un champ au soleil, dans une brise de printemps, qui sentira bon le propre et qui sera rangé dans une armoire avec de la lavande,et qui sera mis sur un grand lit pour être froissé par un couple amoureux...

mercredi 17 avril 2013

C'est l'printemps!

Bonjour les gens.
Après un temps en cale sèche, un temps de cochon, un temps de chien, un temps de Toussaint... I'm back.
J'étais à court. A court d'inspiration, à cour, pas à jardin.
Alors? Ben v'la l'printemps...
Samedi, temps radieux, je suis allé à la calanque de  Sormiou avec mon amoureux (celui-là... faut suivre!) et à l'improviste, en string de dentelle noire, en compagnie d'une bretonne bien plus courageuse que moi (mais bon, une sardine bretonne. Moi je suis une sardine de la Méditerranée, qualité supérieure, à manier avec précaution),  j'ai fait un petit aller-retour splash/splash dans la mer glaciale. J'ai dû y rester 15 secondes, mais ce sont les premières quinze secondes de l'année...
V´la l'printemps. J'ai (encore) appris aujourd'hui que mon cv est surdimensionné... (Encore) un poste qui m'échappe... Savent pas ce qu'ils perdent ces cons... Et pendant ce temps là, aux Caïmans... 
Mais, j'ai finalement commencé lundi dernier une première (petite, toute petite et mal payée) mission.
C'est bien. Je vais bien.  
Reprendre le clavier.
On verra. Peut-être sera-ce juste un p'tit pétard mouillé ? Une envie passagère de partager mes humeurs...
Nous verrons.
Pendant tout le mois d'avril, il y a un an, j'ai été très inspirée. Je vous ai raconté le feuilleton en 12 épisodes de mes antilles... J'ai adoré écrire . Écrire ça.
J'aurais envie d'être aussi prolixe... Rien n'est moins sûr. Savoir rendre passionnante la vie de tous les jours?
Tant pis! Faudra vous y faire...
A bientôt, et prenez soin de vous.