samedi 22 novembre 2014

Danse ma fille, danse!

J'arrive un peu essoufflée, je suis légèrement en retard. C'est le moment du rituel, des années de rituel. Des années que je suis l'enseignement d'Elsa W., maîtresse de la danse africaine. Des années que de stages en week-ends, de Paris à Marseille, en Auvergne, comme des dizaines d'entre nous, passés par là, qui nous connaissons, qui nous reconnaissons, des années que je cours au rituel, des années que c'est mon bol d'air, ma respiration.
Assise, son bâton à la main, elle est là, énorme et belle pourtant, un peu gourou, un peu sorcière, extraordinaire. Je l'embrasse, sa peau est douce et élastique. Sa voix forte et profonde, ses mains puissantes, son accent, son regard qu'on dirait lourd et qui est aiguisé sur nos corps. Elle sait la joie et la douleur, la vie et la mort. Elle sait le corps et elle sait l'âme.
Tous assis, en vrac. Le sternum d'abord. Chauffer doucement, réveiller le corps, onduler, tranquille.
Sentir le bassin, le pubis, les lombaires, remonter, les omoplates, les épaules, la nuque, chauffer...
Se lever. Il est là, percussionniste hors pair qui va nous accompagner tous et chacun pendant ces deux ou trois heures, être avec nous, en nous, autour de nous.
Frappe, frappe, pose. Pas de lourdeur. Je ne veux pas entendre vos pieds. Pas de poids. Frappe, frappe, pose. Plus vite. Le sternum accompagne. Les bras se lèvent. Frappe, frappe, pose. Lève les genoux, lève-les haut, sinon tu vas te faire mal. C'est vrai. Tu lèves les genoux et tout d'un coup, tu te sens légère, légère, alors tu vas de plus en plus vite.
Les danses sont toujours les mêmes, il n'y a pas de miroir, il n'y a pas de niveau, danseurs professionnels, amateurs aguerris, débutants, jeunes, vieux, enfants. c'est le rituel.... Les parents amènent parfois un bébé qui dort profondément, blotti dans les bras d'Elsa, à 50 cm des percussions, les petits vont et viennent, jouent dans un coin, indifférents aux adultes agités. Aujourd'hui, il y avait deux petits garçons d'une dizaine d'années qui dansaient.
La Danse de Chasse, Kaki Lambé, la Sortie de Case, Trois Pas, le Mur...Je connais les danses, mais j'apprends toujours sur moi, sur mon corps, sur ma résistance, sur mon désir de vivre ça, de le vivre encore longtemps. J'ai pleuré de jouissance, une fois, une seule fois dans ma vie. Quand je danse, parfois je pleure, d'autres pleurent aussi, Elsa est une sorcière. L'émotion sort du corps sans passer par la tête. Les humeurs aussi. Transpiration qui colle les cheveux et tord les t-shirts, souffle court, reprends-toi, coeur au bord, calme, respire, morve, larmes... Encore. Saute encore pour reculer, pour avancer, sens le rythme, sois juste là, écoute, sens, vis, bouge.
Danse ma fille, danse! 



dimanche 16 novembre 2014

Une jolie brune.


Previously on ze story...
Alors, elle et moi, on avait monté un petit plan pour confondre l'infâââââme.
Ca n'a pas marché. Je ne suis pas assez menteuse sans doute.
Mais j'avais ourdi l'histoire ratée via Internet (what else ?). Et du coup j'ai fait des rencontres.
Et j'ai rencontré cet homme très rapidement.
Un coup de fil, un rendez-vous, un verre dans un aimable bar à vin.
Mince, avenant, yeux et cheveux clairs, plutôt joli garçon.
Compte tenu des circonstances dans lesquels nous nous rencontrons, les présentations se passent de fioritures. Et très vite, cet homme ordinaire, assez falot me confie qu'il aime se travestir. Comment ça a commencé, il y a longtemps avec son ancienne compagne, comment il a eu une relation explosive avec une femme que cela excitait au plus haut point, comment il devient une femme, comment il entre dans cette peau là, qui lui colle à la peau. Il est bisexuel, penchant hétéro. Il  a aussi eu des relations "normales" au sein desquelles ces désirs là restaient enfermés à double tour...
Quelques jours plus tard, elle m'attend chez elle. Elle s'appelle Magally, c'est son nom de théâtre, son nom de fille.
La porte est entrouverte. Je rentre. Je m'installe sur un fauteuil dans le crépuscule éclairé de quelques bougies. Une play list agréable et anodine, genre Buddha Bar. Des sex toys sont posés sur la table basse. Elle sort de la salle de bain. Elle est très brune. Je l'avais imaginé blonde. Elle porte un corset et des cuissardes.Elle s'approche en se dandinant un peu.
Elle me dit bonsoir d'une voix de fausset. La taille serrée dans le vinyle, elle a un joli cul pour un mec.
On a passé quelques heures entre homme et femme, femme et femme, soumise et maîtresse, fantasme et réalité, sexe dur, sexe mou, sexe flou, sexe.
Je ne sais pas si je recommencerai. Mais il y a de la demande!